Message de M. Stélio FARANDJIS
Secrétaire général du Haut Conseil de la Francophonie

Lu par Mme Monique PONTAULT
Chargée de mission

 

Messieurs les Présidents,
Excellence,
Chers amis,


L’illustre assemblée qui est la vôtre exige de la part de celui qui lui adresse le présent message de fuir les généralités et les complaisances comme les développements trop techniques. Saluons les percées francophones dans les nouvelles technologies de la communication, la création et la diffusion des biens culturels, en particulier l’excellence française dans le domaine des clips au niveau international, l’importance des cédéroms culturels en France et dans les autres pays de notre communauté, la place remarquable, dans la société en général et les établissements scolaires en particulier, des inforoutes en Acadie et au Québec.

Saluons également les progrès accomplis pour rendre possible et encourager le plurilinguisme sur les réseaux grâce aux codes et aux outils informatiques appropriés.

Disons rapidement cependant que la France, en particulier, et l’ensemble des partenaires francophones, en général, doivent accroître sensiblement leurs efforts pour s’imposer dans la révolution du multimédia.
Les alliances francophones d’entreprises devront être scellées rapidement afin de constituer des groupes de taille internationale.

Les francophones et les Français en particulier devront prendre enfin le triple virage du « ludique », du « juvénile », et du « populaire » dans leur créativité culturelle y compris pédagogique. L’élitisme ésotérique et le dédain de la civilisation de masse doivent être rejetés, et, si nous devons par ailleurs rester attachés à l’exception culturelle, nous devons nous inscrire résolument dans le marché mondial.

Les aides à la création multimédia doivent être simplifiées afin d’éviter aux auteurs le véritable parcours du combattant qui est souvent le leur.
La promotion des nouveautés doit être faite dans les écoles et sur les médias. Plus fondamentalement, la formation aux nouvelles technologies de l’information doit faire partie intégrante des programmes scolaires. Le multimédia, nouvelle matière, doit être non seulement utilisé, mais étudié, décrypté, critiqué et maîtrisé.

Les établissements scolaires doivent être équipés en télévision, magnétoscopes, câbles, ordinateurs... comme le Haut Conseil l’a souvent préconisé et comme le Président de la République Monsieur Jacques Chirac l’a souvent répété avec solennité.

L’enseignement à distance devra être une préoccupation majeure pour les francophones à l’échelle internationale et inclure le multimédia d’une façon générale et le plus souvent interactive.

Des filières dans le secondaire et le supérieur devront être organisées en associant les formations aux technologies de la communication et les formations littéraires ou scientifiques ; la technoculture de demain demandera beaucoup de créateurs et de chercheurs bivalents.
Il ne faut pas que le multimédia détourne davantage de l’écrit mais y ramène (les jeunes générations en particulier), l’écrit étant essentiel pour la formation du jugement comme de l’imaginaire chez le sujet conscient et la personnalité autonome capable d’esprit critique. Sinon nous irions vers l’alliance de l’ultra-modernité et de la barbarie généralisée.

Enfin, les francophones doivent être porteurs d’une éthique internationale dans l’utilisation des produits multimédias en ligne et hors ligne respectant certes la liberté, mais privilégiant la diversité culturelle et linguistique, les droits de la personne, les droits d’auteur. Ils pourraient aussi être les premiers à mettre en place des moyens de filtrage, de contrôle et de validation des messages transmis ou des « expressions » multimédias produites, tant du point de vue scientifique que du point de vue commercial.

Du pays de France où s’est épanouie la culture des encyclopédistes à la fois générale et technicienne, du pays des arts et métiers, je vous envoie un message d’encouragement et d’espoir : le multimédia et toutes les nouvelles technologies peuvent donner des ailes à l’esprit, surtout si l’on sait être tout à la fois fidèle et créatif.

A la Une

 La culture suppose l'enracinement, la profondeur et la perspective d'un épanouissement sans cesse en progrès. 

Jacqueline de ROMILLY

Présidente d'Honneur de la Biennale de la langue française (2002-2010)

Dans Le Trésor des savoirs oubliés, éditions de Fallois, 1998, p. 93