Allocution de Son Excellence Denis BAUCHARD
Ambassadeur de France au Canada
Messieurs les recteurs,
Monsieur le conseiller du premier ministre,
Monsieur le député,
Monsieur le président,
Chers amis,
Je suis particulièrement heureux d'être parmi vous pour ouvrir la XIXe biennale de la langue française dans la région de Hull-Ottawa. Quelques jours seulement après les IVe Jeux de la Francophonie qui ont célébré ici même avec éclat et enthousiasme la richesse et la diversité de la jeunesse francophone internationale, votre rencontre vient à point nommé. En effet, la Biennale a décidé de consacrer la présente édition au rapport entre la jeunesse et la langue française, en en retenant trois dimensions essentielles: la création, le partage et l'entreprise.
Après le temps des Jeux, de l'action et de la presse, vient celui de la réflexion même si, je n'en doute pas, les 3 000 athlètes et artistes présents au cours des derniers jours ont laissé en Outaouais un parfum d'échange et de convivialité qui subsistera durant vos travaux.
Nous allons nous interroger sur le sens de l'identité francophone, sur ses dimensions multiples, à la charnière du global et du local, tissant des liens de solidarité par-delà les océans et renforçant également la cohésion de communautés parfois isolées géographiquement et culturellement.
En ce début de XXIe siècle et au-delà des avancées institutionnelles et diplomatiques importantes de la Francophonie internationale, force est de constater que le lien qui unit la communauté francophone est d'abord et avant tout le bonheur décrire, de lire et de parler en français, cette langue à la fois unique et riche de mots et d'accents issus du génie de peuples répartis sur les cinq continents.
Le français est évidemment langue de création et de culture; Certes la littérature se nourrit d'autres mots que ceux offerts par la langue que nous avons en partage, pourtant la force de la Francophonie repose encore en grande partie, en particulier dans les pays où elle est minoritaire, sur un amour profond de la langue française et de ceux qui l'ont magnifiée. En témoigne la place dans la littérature française décrits de grands écrivains originaires de nombreux pays à travers le monde.
Le français est de plus en plus langue de partage et de solidarité par les programmes de fiction et d'information quelle diffuse sur les cinq continents. Elle est considérée comme un village francophone global qui renforce ce sentiment d'appartenance des francophones à une même communauté, dans un esprit de tolérance et d'ouverture au monde. De même, la francophonie doit exploiter au mieux les formidables ressources offertes par les nouvelles technologies de l'information. Un million d'internautes au moins sont aujourd'hui francophones mais l'offre de sites francophones ne représente aujourd'hui encore que 3% de l'ensemble des sites disponibles. Internet doit devenir un acteur majeur de diffusion et de promotion de la francophonie dans le monde et je sais que le Canada et en particulier le Québec sont des partenaires majeurs à cet égard.
Le français est enfin langue de l'entreprise et des échanges économiques. Cette dimension doit être sans cesse affirmée dans un secteur où, encore plus qu'ailleurs, la langue anglaise tend à se présenter comme le vecteur naturel de la globalisation économique et financière. Il s'agit d'un enjeu majeur qu'on ne saurait réduire à un arbitrage entre termes d'efficacité commerciale et de stratégie d’entreprise. En effet, les sphères de la création du partage empruntent aussi la voie marchande et il serait illusoire de vouloir promouvoir la francophonie sans prendre en compte les circuits économiques quelle emprunte et qui contribuent également à la vitalité et au rayonnement dune langue et dune culture.
Comme vous savez, la francophonie est une cause exigeante dont les succès ne sont jamais acquis. Ce combat permanent nécessite une forte détermination politique. Il se nourrit également d'un indispensable échange d'idées. Il revient depuis près de quarante ans aux organisateurs des biennales de la langue française d’y apporter leur contribution stimulante.
Sur la lancée des records sportifs établis récemment, je suis persuadé que cette XIXe édition d'Hull-Ottawa sera particulièrement féconde et je vous souhaite bon courage et bon succès pour vos travaux. Je vous remercie.