Alain VUILLEMIN
Université d'Artois, Centre d'Études et de Recherches sur les Textes Électroniques Littéraires
et association AMOPA
La poésie numérique en France et les revues Doc(k)s et alire
La poésie numérique en langue française est née au Canada, à Montréal, au Québec, quand Jean A. Baudot réussit en 1964, à l'Université de Montréal, à composer le tout Premier recueil de vers libres rédigés par un ordinateur(1). Depuis, cette nouvelle forme de poésie s'est affirmée en plusieurs étapes, dont les principales ont été marquées en 1975 et en 1985 par des expositions en Belgique et en France puis, à partir des années 1989-1990, par la création ou la transformation de revues de poésie, électroniques ou imprimées.
En ce qui concerne les étapes, sur un plan historique, dès 1959, lorsqu'ils fondèrent à Paris ce qui est devenu par la suite l'Oulipo, (l'Ouvroir de Littérature potentielle), François le Lionnais et Raymond Queneau avaient eu l'intuition que, un jour, les ordinateurs(2) pourraient devenir des instruments d'invention et de création. Dès le premier manifeste de l'Oulipo, en effet, François le Lionnais invitait les Oulipiens à explorer des voies nouvelles, inconnues à la littérature, au besoin en recourant aux bons offices des machines à traiter l'information(3), ainsi que l'on appelait encore, en France, les ordinateurs. Mais c'est seulement en 1975 que furent présentées à Bruxelles, en Belgique, dans le cadre de l'Exposition Europalia 75 France, les premiers programmes [informatiques] d'aide à la création littéraire(4) de l'Oulipo. C'est ensuite en 1985, en France, à Paris, au centre Georges Pompidou, dans le cadre d'une autre exposition intitulée Les Immatériaux, que furent esquissées sur minitel les premières fictions télématiques audio vidéo interactives qui se sont répandues depuis sur Internet et, sur ordinateur, de premiers essais de poésie animée de sources électroniques.
Le relais a été pris ensuite par des revues avec le lancement de deux revues de poésies par ordinateur, la revue de poésie électronique alire en 1989 à Villeneuve d'Ascq, qui existe encore, et, en 1990, à Paris, la revue KAOS qui a disparu en 1994. En l'an 2000, la revue alire en était à son onzième numéro sur disquette micro-informatique ou sur cédérom et s'était associée en 1996-1997 à la revue de poésie Doc(k)s, fondée en 1976, pour publier un numéro mixte, hybride, Doc(k)s-alire + CqfD-Rom, qui correspondait à la fois au numéro 10 de la revue alire, sous la forme d'un cédérom multimédia encarté à l'intérieur d'un volume traditionnel, et aux numéros 13, 14, 15 et 16 de la revue Doc(k)s sous une forme imprimée. Dès 1993, la revue imprimée Action poétique avait déjà publié son numéro double 129/130 avec le numéro 3, sur une disquette, de la revue KAOS. Au début de l'année 2001, on pouvait identifier l'existence, en France et en Europe, de huit ou neuf cédéroms au moins de poésie électronique, commercialisés ou non, à savoir une anthologie des neuf premiers numéros de la revue alire, en 1995, sur un cédérom intitulé Le Salon de lecture(5); un supplément sur cédérom au numéro 158 de la revue française SVM (Science et Vie Micro)(6) consacré à Littérature & Multimédia et paru en 1966 ; le premier numéro, en 1996 aussi, d'une revue interactive hongroise, ABCD Interacktiv Magazin(7), qui contenait des extraits de créations poétiques réalisées en divers pays, et, toujours en 1996, deux autres cédéroms non commercialisés : Poèmes et quelques lettres(8) de Patrick-Henri Burgaud, produit en Hollande, à Arnhem, et Poésies animées(9), conçu à Arras, au Certel de l'Université d'Artois ; il sy ajoute trois numéros de la revue alire qui ont été publiés sur cédéroms, sous l'impulsion de Philippe Bootz et de Tibor Papp, en 1997(10), en 1999(11) et en 2000(12), et dont le premier le fut conjointement avec la revue Doc(k)s, et un dernier cédérom en langue flamande, produit en l'an 2000 en Belgique, à l'Université de Louvain, DietscheWarande & Belfort : Special nummer : Elecktronische Literatur(13), sous la direction d’Éric Voos et de Jan Baetens. On pourrait y ajouter, pour une partie, un cédérom publié par les éditions Gallimard en 1999, Machines à écrire(14) d'Antoine Denize, qui reprend des citations de Cent mille milliards de poèmes, une réalisation qui avait été conçue par Raymond Queneau dès 1961. Il s'y est adjoint en 2001 un cédérom inédit, Marionnettistes de mots(15), élaboré à partir de travaux de jeunes élèves par Bonnie Tsang et Philippe Bootz et produit par l'association Mots-Voir(16). Cette brève énumération suffit à montrer la vitalité de cette nouvelle forme d'expression poétique depuis une dizaine d'années. Une rupture s'est produite. La poésie a cessé d'être liée d'une manière indéfectible à la diffusion des livres imprimés. L'essor irrésistible du réseau Internet et la multiplication des sites de création poétique sur la toile(17) n'a fait qu'accentuer cette tendance. Qu'en est-il alors de l'originalité de ces formes inédites de poésie numérique, notamment à travers les revues Doc(k)s et alire ? Qu'en est-il du caractère unique, original, de ce qu'on commence à appeler la poésie générée, la poésie animée et, aussi, la poésie numérisée ?
I La poésie générée
Le principe de la poésie générée par un ordinateur est ancien. Il est né avec l'élaboration des tout premiers essais de fabrication de recueils de vers libres à partir d'une transformation aléatoire d'un texte quelconque, que ce fût en français ou en une autre langue. Les premiers travaux sur la génération des textes remontent en effet à des recherches sur la linguistique et sur l'informatique qui furent en partie transposés ou appliqués à des matériaux poétiques. L'Oulipo en a analysé les implications littéraires, esthétiques et méthodologiques sous divers noms, à propos de la littérature dite expérimentale, puis potentielle, combinatoire, permutationnelle, définitionnelle, sémo-définitionnelle, récurrente, etc. jusqu'à proposer de premiers prototypes de générateurs de sonnets, par exemple, à Bruxelles, en 1975, lors de l'exposition sur Europalia 75 France. Une autre association, née en 1981, l'Alamo (pour Association pour La Littérature assistée par la Mathématique et l'Ordinateur), a pris le relais avec des littéraciels, présentés pour la plupart en 1985, à Paris, lors de l'exposition sur Les Immatériaux. En 1994, enfin, une société française de traitement avancé du langage, le groupe Kaos, et sa filiale, la maison d'édition électronique Ilias, ont tenté de lancer une collection de ces générateurs de poésie auprès du grand public.
Les réflexions menées dans le cadre de l'Oulipo à partir de 1960 sur ce qui sera appelé la poésie générée à partir des années 1990 sont restées longtemps très théoriques. Ainsi qu'il est rappelé dans l'Atlas de la littérature potentielle, c'est seulement en 1975 que fut présentée par Paul Braffort la première réalisation informatique de l'Oulipo, sur 1014 poèmes(18). Cette manifestation aurait attiré l'attention de l'Atelier de Recherches avancées du Centre national d'Art et de Culture Georges Pompidou qui apporta alors son appui à l'Oulipo. Mais l'élaboration et la parution de Cent Mille milliards de poèmes(19), dès 1961, sur un ouvrage imprimé et découpé en languettes de papier correspondaient déjà à l'invention d'une de ces œuvres combinatoires ou algorithmiques(20) que l'Oulipo appelait de ses vœux. Les dix poèmes contenus dans Le baiser d'amour de Quirinus Kuhlman, programmé par Michel Bottin, Le Conte à votre façon de Raymond Queneau (repris en 1999 par Antoine Denize dans Machines à écrire, le cédérom publié par les éditions Gallimard), les Aphorismes de Marcel Bénabou, de Raymond Queneau, d'Albert-Marie Schmidt, en furent des préfigurations dès les années 1960 avant de donner naissance à des produits prototypes en 1975, puis, ultérieurement, à des éditions électroniques variées. Dès 1983, en toute hypothèse, ainsi que l'Atlas de littérature potentielle le constate, l'Oulipo n'[avait] pas attendu la mode ni les petites semaines Informatique et société pour passer à l'action(21) et pour recourir à l'informatisation.
Les littéraciels produits par l'Alamo à partir de 1981 correspondent à un approfondissement des réflexions et des expérimentations précédentes, menées dans le cadre de l'Oulipo. C'est ce que laissait entendre Paul Braffort en 1995 dans un article intitulé Alamo, une expérience de douze ans(22) et paru dans un ouvrage collectif sur la littérature dite générée par ordinateur. Dès 1978, une innovation technologique, l'apparition des micro-ordinateurs individuels dotés d'une console de visualisation et d'un écran, avait commencé à imposer l'idée que les activités oulipiennes et que les expérimentations informatiques ne coïncidaient plus complètement. En juillet 1981, deux dissidents de l'Oulipo, Paul Braffort et Jacques Roubaud, fondirent l'Alamo, une association exclusivement dévouée désormais à la littérature, à la mathématique, et, aussi, à l'ordinateur. Deux numéros de la revue Action poétique, le numéro 95 en 1984 et son numéro double 129/130, lui-même associé au numéro 3 de la revue électronique KAOS, paru durant l'hiver 1992-1993, en ont été autant de tribunes. Reprenant les produits prototypes qui avaient été élaborés auparavant par les pionniers de l'Alamo et systématisant leur démarche sur un plan méthodologique et technique, les travaux de l'Alamo ont aussi abouti à l'élaboration d'une bibliothèque de littéraciels, autrement dits de logiciels d'aide à la création littéraire. Les principaux de ces littéraciels ont été appelés SEL (pour Synthèse élégante de Littérature), CAVF (pour Conte à votre façon), MAOTH (pour Manipulations assistées par Ordinateur de Textes hybrides) et, enfin, LAPAL (pour Langage algorithmique pour la Production assistée de Littérature). Ces littéraciels sont toujours présentés par l'Alamo en divers ateliers d'écriture en France. Ils ont été transposés en anglais, aux États-Unis, par l'association Alamo-USA, avec Marwin Green, Gerald Honigsblum, Robert Wittig et quelques autres, et en italien, en Italie, à Milan notamment, par l'association TEAnO et par Paolo Ferrera et Marco Maiocchi.
Les générateurs, diffusés par la société Ilias à partir de 1994 dans une collection qui était appelée Génération et qui était diffusée sous la responsabilité de Jean-Pierre Balpe, correspondaient à une tout autre orientation sur le plan technique et aussi esthétique même si les principes généraux de la génération de texte sont à peu près identiques. Au sens strict, dans le langage des informaticiens, la génération désigne la manière dont des logiciels (que l'on appelle pour cette raison des générateurs) génèrent, c'est-à-dire produisent ou fabriquent d'autres logiciels qui sont supposés pouvoir être mieux adaptés aux besoins particuliers d'un utilisateur final. Dès 1986, Jean-Pierre Balpe en avait proposé un premier exposé, plus empirique que théorique, dans un ouvrage intitulé Initiation à la génération de texte en langue naturelle(23). Les titres parus dans la collection Génération en sont autant d'illustrations concrètes. La plupart sont dus à Jean-Pierre Balpe, à savoir L'Amour dans l'âme, Autobiographie, épigrammes, Hommage à Jean Tardieu, La Mémoire des Mots, Questions d'amour et de poésie, Réponse à Claude Adelen. Il s'y ajoute deux titres, Descendue d'un village de Marie Étienne et Paysages sans ombre de Patrice Zana. D'autres générateurs analogues ont été publiés dans les numéros 2 et 3 de la revue KAOS(24), animée également par Jean-Pierre Balpe, et aussi, à titre d'échantillons, dans les actes d'un colloque intitulé A:\Litterature(25) qui s'est tenu en 1993, à Villeneuve d'Ascq, à l'Université de Lille 3, sur la poésie et [l]ordinateur et dont le volume publié comportait, encartées, deux disquettes micro-informatiques, lune au format Ibm-Pc et l'autre au format Macintosh. Sur le plan esthétique, alors que l'orientation des travaux de l'Alamo aurait été résolument classique(26), peut-être sous l'influence de l'écrivain italien Italo Calvino, les recherches de Jean-Pierre Balpe s'inscrivent résolument sous le signe des recherches poétiques les plus immédiatement contemporaines en cette fin du XXe siècle. Là en réside l'intérêt et, sans doute, l'aspect le plus novateur. Mais les choix techniques opérés, le recours à des micro-ordinateurs de la société Macintosh, incompatibles à l'époque avec les ordinateurs au standard Ibm-pc, condamnaient à l'avance la collection Génération à demeurer très marginale.
Il n'empêche que, à partir des recherches entreprises par l'Oulipo dès 1960 et avec les littéraciels de l'Alamo et la collection Génération de la maison d'édition Ilias, la poésie générée par ordinateur a prouvé, entre 1985 et 2000, qu'un ordinateur pouvait se transformer en un instrument de génération de textes, y compris poétiques, à la condition d'être doté d'un logiciel conçu avec suffisamment d'intelligence à ces fins de création. Sur le plan technique, la démonstration a été faite. Quand on possède de surcroît le matériel informatique adéquat, la présentation en est spectaculaire. Sur un plan littéraire, toutefois, ces réalisations n'avaient pas encore connu en l'année 2000 l'audience quelles auraient méritée.
II. La poésie animée
Il en est presque de même de la poésie animée par ordinateur. Cette forme nouvelle de poésie est apparue à partir de 1980 quand les ordinateurs (individuels) ont commencé à être dotés d'écran. Auparavant, l'idée n'en était pas concevable. On communiquait alors avec les ordinateurs par l'intermédiaire de claviers et de perforatrices en amont, de télétypes ou d'imprimantes en aval. On ne pouvait donc travailler que sur des textes, non sur les images et moins encore sur les sons. Avec l'apparition des consoles de visualisation en niveaux de gris (autrement dit en noir et blanc) au départ puis, à partir de 1986, en couleurs, la perception des textes, littéraires ou non, s'est trouvée transformée. De statiques et de figés en apparence du moins sous une forme imprimée, les textes devenaient des entités mobiles, dynamiques et évanescentes aussitôt qu'ils étaient affichés sur un écran. L'exposition des Immatériaux à Paris, en 1985, au Centre Georges Pompidou, en fut peut-être le véritable point de départ. C'est à cette occasion, en effet, que fut créée par Orlan et par Frédéric de Velay la première revue télématique artistique, Art Access, sur minitel. Le mouvement était lancé. Désormais, un texte affiché était d'abord vu avant d'être lu et, éventuellement, animé. La création de l'association L.A.I.R.E. (pour Lecture-Art-Innovation-Recherche-Écriture), par Frédéric de Velay, Claude Maillard, Tibor Papp, Jean-Marie Dutey et Philippe Bootz, en 1988, et la parution en janvier 1989 du premier numéro de la revue alire sur une disquette micro-informatique (au standard Ibm-Pc) consacraient la naissance de la poésie animée en France. Encore faut-il comprendre en quoi consiste cette notion d'animation et analyser ses répercussions sur la perception, la temporalité et la narration dune œuvre animée!
La perception d'un texte qui est affiché et qui est animé sur un écran se transforme profondément. Il est d'abord perçu et vu comme une image. L'écran est un espace en effet. Il possède une surface (comme d'ailleurs une feuille de papier) mais il se décompose en lignes, en colonnes et en pixels, c'est à dire en de tout petits carrés qui sont constitutifs des éléments qui vont apparaître sur l'écran et qui seront perçus comme des signes typographiques, des dessins ou des illustrations. Dès lors, ce qu'on appelait jusque dans les années 1980-1985 un texte, un tissu de mots au sens étymologique, devient aussi un ensemble d'images et de substitutions visuelles ou graphiques de son état imprimé, devenues préhensibles par toutes les techniques audiovisuelles ou infographiques que l'informatique a permis d'inventer. Ainsi que le constate Arnaud Gillot, en 1999, à propos des revues de poésie électronique alire et KAOS, à la lecture d'un poème électronique, les perceptions sont bouleversées parce que la relation qui est établie avec le lecteur lui impose un comportement particulier. Le texte se voit et se lit alors qu'un fragment papier n'est disposé a priori que pour être lu(27). Et ce que l'on voit correspond à un texte à voir, qui est voulu par l'auteur alors que ce qui est lu correspond au lieu de la construction d'un sens par un effort de déchiffrement non moins volontaire de la part du lecteur. Dès lors, dans cette perspective, la conception d'un texte ou d'un poème animés va porter aussi bien sur des effets visuels qui seront associés à sa présentation et à son animation, qu'à sa mise en mouvement sous une forme visuelle ou à ses significations. Sur ce dernier point, on renverra aux analyses pénétrantes d'Arnaud Gillot dans son essai sur La notion d'écrilecture à travers les revues de poésie électronique alire et KAOS, et, plus encore, aux témoignages de Philippe Bootz dans les éditoriaux successifs de la revue alire, voire à l'article intitulé poésies en machination(28) qu'il a publié sur ce sujet, en 1994, dans le numéro 96 de la revue Littérature qui était lui-même consacré à Littérature et informatique.
Une autre temporalité surgit en effet. La perception et le déchiffrement des énoncés qui constituent ce qu'on continue d'appeler un texte s'inscrivent dans une durée vécue différente, qui est en partie déterminée par la manière dont les affichages du texte vont se succéder. On voit naître en effet un texte, on le sent s'enfanter, on le regarde disparaître sans que, pourtant, rien ne semble être fini(29), observe Arnaud Gillot à ce propos dans les revues alire et KAOS avant d'ajouter que, entre une recherche de fixité qu'il n'obtiendra jamais et une dissémination organique de son contenu évaporée, le poème se donne à lire tout en conservant un mystère qui sera à redécouvrir(30). Des poèmes de Philippe Bootz, En réponse à la lampe (paru dans alire 6 en 1992) et La Belle (publié dans alire 2 en 1989), en sont des illustrations saisissantes. Le premier, En réponse à la lampe, repose sur une métamorphose continue de ses énoncés qui cherchent à contraindre le lecteur à reconstituer mentalement la succession des phrases et des vers. Le second, La Belle, superpose des fragments de phrases et de syngtames qui sont dédoublés et démultipliés sans fin, de telle sorte que […] lire le texte fugitif qui défile devant les yeux élabore un nouvel espace où […] le poème devient une figure symbolique de la force, de la puissance d'évocation des mots du langage(31). L'ajout de paroles, de poèmes sonores, ou encore de bruits, voire d'extraits d'un air de musique, peut venir appuyer ces effets. Élaborés à propos de deux exemples précis, ces commentaires pourraient être étendus à toutes les formes de poésie animée qui ont été pratiquées et publiées depuis 1989 sur des disquettes micro-informatiques ou sur des cédéroms multimédias.
Ce qu'on appelle la narration change aussi. Ce qui est narré, c'est-à-dire ce qui est rapporté par le récit, cesse de se situer dans une perspective linéaire. La succession des pages-écrans ne correspond plus à l'enchaînement des pages imprimées. Cet ordre est parfois respecté. C'est encore le cas dans les séquences des Très Riches heures de l'ordinateur de Claude Maillard et de Tibor Papp publiées dans plusieurs numéros de la revue alire, où un récit, à savoir la relation d'un événement (l'évocation d'un accès de révolte) progresse de situations en situations, de métaphores en métaphores, d'un énoncé initial jusqu'à une fin. Il est, le plus souvent, complètement disloqué par le recours caché par l'auteur à une structure hypertextuelle qui décompose les éléments d'un poème animé en des dizaines ou en des centaines de fragments dénoncés qui sont ré-associés entre eux par l'intermédiaire de liens qui sont introduits par l'auteur. Le procédé permet de faire éclater les notions de récit et de narration en imbriquant très étroitement le texte à des images, voire à des bruits, à des bruitages ou à des sons. C'est le cas, par exemple, dans Joinville-le-Pont, une carte postale poétique conçue par Jacques Doutriaux dans le numéro 10 de la revue alire en 1997. Le procédé est encore plus prononcé dans Je suis seul dAnnie Abrahams (alire n°11 1999) ou dans cet autre poème de Jean-Marie Dutey, Voies de fait (alire n°2 1989) ou encore dans Passage (A:\Littérature - 1993) de Philippe Bootz.
L'histoire de la poésie animée reste à faire. Le recul manque encore, certes, mais l'on peut déjà en discerner plusieurs étapes. De 1980 à 1985, l'apparition des consoles de visualisation, la généralisation de la télématique et du minitel en France du moins, le perfectionnement aussi des techniques audiovisuelles et graphiques informatisées ouvrent aux auteurs des perspectives qui étaient insoupçonnées auparavant. De 1985 à 1989, dune expérimentation à une autre, des projets mûrissent, encouragés par le succès de l'exposition des Immatériaux en 1985. La création de la revue alire en 1989, puis de la revue KAOS en 1990, en marque la naissance. La parution en 1996 du premier cédérom multimédia, le numéro 10 de la revue alire, associé aux numéros 13-14-15-16 de la revue Doc(k)s, en a peut-être manifesté la cristallisation. Pour la première fois, sur ce disque, se trouvaient réunies des œuvres qui avaient été élaborées par des auteurs qui ne se connaissaient pas avant cette date, qui s'ignoraient auparavant et qui avaient travaillé jusqu'alors dans l'isolement et dans la plus complète solitude parfois, les uns en France et les autres, qui en Hongrie, qui au Brésil, qui en Espagne, en Italie ou ailleurs encore. La publication d'alire 10 a sans conteste favorisé, sinon provoqué, un phénomène complexe d'interactions mutuelles entre les uns et les autres. Ce qui est sûr, c'est que cette initiative a précédé, sinon encouragé la parution d'autres disques semblables en Hollande, en Hongrie, en Belgique, voire, peut-être, au Brésil. Un nombre croissant d'auteurs semblent s'y intéresser. L'histoire de la poésie animée ne fait que commencer.
III. La poésie numérisée
Le développement spectaculaire du réseau Internet depuis 1995 s'est aussi traduit par une extraordinaire démultiplication des sources d'édition électronique et de publications en ligne. La poésie n'y a pas échappé. Une consultation effectuée sur Internet le 02 juillet 2001 en donnera une idée. La démarche a consisté à comparer les réponses qui ont été données par les logiciels d'exploration Yahoo et Altavista, deux des moteurs de recherches les plus usités à cette date, à deux questions identiques. La première se réduisait à un seul mot: poésie, en restreignant l'interrogation à la France et uniquement à la langue française. Yahoo trouvait 12 catégories, 346 sites et 10 dépêches d'actualité pour poésie alors qu'Altavista identifiait 66540 pages web d'information en ligne. En revanche, à une seconde question: poésie interactive, Altavista trouvait dune manière inattendue 237339 pages web alors que Yahoo n'identifiait que quatre sites pour cette expression de poésie interactive. La différence tient aux modes de conception de la recherche entre les deux logiciels. Sachant aussi que, à cette date, toute interrogation en ligne n'écrêtait que 10% environ de toutes les réponses susceptibles de répondre à ces questions sur Internet, ces chiffres seraient donc à multiplier par dix. Sont-ils significatifs? On n'en est pas certain. Marc Roudier, l'un des animateurs du groupe Akénaton qui publie la revue Doc(k)s en France, esquisse une réponse, très critique: L'électronique, constatait-il en 1999, est un monde très diversifié […]. Pendant tout un temps il dure encore! les artistes se sont précipités sur Internet pour y fourrer à peu près n'importe quoi, comme s'il s'agissait dune simple vitrine, ou dune galerie, d'un lieu d'exposition, d'un micro muséum. Et chacun d'ouvrir son petit commerce, rebaptisé site…(32). Le propos est mordant. La véritable question est de savoir en effet ce que ces sites possèdent comme originalité en tant que lieu dune innovation ou en tant qu'objet de création. C'est à cette tâche que la revue Doc(k)s s'est employée très courageusement en publiant en 1999 une compilation qui avait été réalisée sur un cédérom multimédia: Un notre web, à partir du réseau Internet. Quelles tendances se dégageaient de cette recension? Que pouvait-on, déjà, apprécier de ces nouvelles formes de poésie numérisée, interactive, signalées ou méconnues, de cette cyberpoésie?
C'est évidemment par un abus du langage que le logiciel Altavista signalait sur Internet, à la date du 02 juillet 2001, l'existence de 237339 pages web d'informations, ces pages étant riches, chacune, en moyenne, dune dizaine d'adresses électroniques. Altavista repose en effet sur des modes d'exploration linguistique automatique qui sont biaisés par l'usage qui est fait dans le langage courant du terme interactif dans les expressions de lecture interactive, d'écrilecture interactive d'œuvres interactives ou de littérature interactive, des alliances de termes forcées qui sont employées aussitôt qu'un texte quelconque se trouve transféré sur Internet. Le mot désigne seulement l'approche en mode conversationnel, sous la forme d'un dialogue, de ce qui est affiché sur un écran par un utilisateur. Dès lors, à la question qui était posée sur la poésie, il n était pas surprenant que fussent mentionnés parmi les réponses les ressources sur les salons du livre et les librairies, les textes en ligne, les maisons d'édition, etc. L'information sur la littérature imprimée traditionnelle, sur les sites qui proposent des éditons électroniques et sur les sites qui étaient proprement originaux s'avère constituer un amalgame inextricable. à l'inverse, Yahoo, en n'identifiant que quatre sites pour la poésie interactive, opère une sélection drastique. Sur ces quatre sites, trois n'en sont pas dans la mesure où le premier cité évoque une promenade interactive de Guillaume Apollinaire, à Paris, filmée en 1914, que le second s'interroge sur le roman hypertextuel et que le troisième porte sur des histoires interactives pour enfants. Il n'en subsiste plus guère qu'un seul, relatif à une revue électronique obscure, intitulée Düne, une petite revue de poésie gratuite et interactive. C'est une curiosité littéraire qui est signalée, sans plus. En cette perspective, on le constate à l'examen du cédérom intitulé Un notre web de la revue Doc(k)s, la poésie interactive qui était signalée sur Internet à cette date hésitait entre la plus grande extension et la plus stricte contraction!
A l'inverse, il est des sites méconnus, que les logiciels Yahoo et Altavista n'identifient pas à moins que leur signalement soit égaré parmi les quelques deux millions et demi de références qu'Altavista repérait pour la poésie interactive(33). On y parvient par hasard! L'exploration de la rubrique ressources pour la création littéraire, proposée par Altavista révèle l'existence inattendue dune série de portails, de sites de références, sur la littérature hypertextuelle, sur la littérature informatique sur un concept nouveau, celui de l'E-écriture (pour Electronic écriture (?)), sur les potentialités du multimédia, sur des œuvres multimédias ou sur les relations entre la littérature et l'informatique. La diversité des textes montre comment l'enquête initiale sur les notions et sur les mots de poésie et de poésie interactive devrait être reprise et étendue. On ne ferait aussi, malheureusement, qu'aggraver le phénomène de surinformation. En toute hypothèse, on gagnera à explorer le site de l'association Mots-Voir qui diffuse depuis 1989 la revue alire, le site de Mélusine qui réunit des auteurs, artistes ou ingénieurs, passionnés par l'écriture, ou, encore E-écriture qui invite les internautes à découvrir de nouvelles techniques d'écriture individuelle ou collective. Il faut y ajouter le site dAkénaton, un groupe multimédia qui a été créé depuis 1989 par Philippe Castellin et par Jean Torregrosa et qui assure depuis 1990 la direction de la revue Doc(k)s. L'on peut aussi découvrir directement les sites que les associations Oulipo ou Alamo ont créés sur Internet, ou encore celui du site Paragraphe de l'Université de Vincennes-Saint-Denis (Paris 8) de Jean-Pierre Balpe sur la génération de textes. Mais ces découvertes ne sont pas vraiment mises en relief sur Internet par les moteurs de recherches qui existent. L'originalité de ces sites de poésie numérisée inédites se trouve en quelque sorte submergée, engloutie par la masse de surinformation qui est proposée sur la poésie imprimée traditionnelle ou sur toutes les formes d'édition poétique qui peuvent se rencontrer sur Internet et qui, en même temps, méconnaissent ou ignorent l'environnement technologique où elles se trouvent.
Sur cette cyberpoésie et sur la cyberlittérature en général, si on entend par ces termes tout ce qui peut exister désormais sur les nouvelles technologies sous une forme numérisée, les vieilles étiquettes ne suffisent plus, il faut en inventer de nouvelles(34). Ces remarques faites d'une manière très générale par Jean Clément dans un article sur la Cyberlittérature, publié dans un ouvrage collectif paru en 2000 sur L'Art et le numérique, ont déjà été illustrées par les difficultés qui ont été décrites pour explorer ce qu'il en est de la poésie sur Internet. Mais, que ce soit à propos de la création littéraire ou de la création poétique, le phénomène qui se produit est beaucoup plus profond. La rencontre entre la littérature et l'informatique implique davantage de transformations qu'un simple changement de supports. Aussitôt qu'il est numérisé, le texte dune œuvre littéraire ou poétique se transforme dune manière radicale. Les processus de la création littéraire et artistique sont bouleversés. Les rôles respectifs de l'auteur, de l'éditeur et du texte sont déplacés et l'analyse de la notion d'écrilecture dans la poésie électronique par Arnaud Gillot à propos des revues alire et KAOS en est un excellent exemple. Par les propriétés nouvelles qu'elle induit, la numérisation de la poésie métamorphose en effet les œuvres, fait surgir de nouveaux genres et remet en cause les catégories habituelles de la perception. C'est probablement dans cette perspective qu'il faut apprécier l'effort accompli en 1999 par la revue Doc(k)s dans Un notre Web pour inventorier ce que le groupe Akénaton avait identifié à travers ce qu'elle appelle des galeries, des animations, des textes et des externes modules, en inventant de nouvelles catégories et de nouvelles dénominations. Le but était d'abord, déjà, de rencontrer des dizaines de poètes dont nous ignorions tout et dont l'histoire est à peine parallèle à la nôtre(35). La découverte, c'est que le web, en jetant des ponts et en établissant des liens malgré les frontières et les distinctions ordinaires, faisait que quelque chose […] commence par le brassage des réseaux, des catégories, des identités et des générations que le web génère. Toutes les archives sont désormais béantes, toutes les histoires sont potentiellement croisées(36). En ce sens, ce cédérom intitulé Un notre web est sur ce plan un document historique précieux sur l'état de la création poétique sur Internet à la toute fin du XX° siècle, et sur son début de singularité(37) aussi.
Conclusion
Ainsi que le rappelle le groupe Akénaton au début du volume imprimé de la revue Doc(k)s qui accompagne le cédérom Un notre web, on se trouvait en 1999 aux tout premiers commencements d'un phénomène qui ne pouvait que s'amplifier. Sur ce disque, conçu dans le prolongement dune tentative antérieure, à savoir la parution en 1997 du numéro 10 de la revue alire associé aux numéros 13, 14, 15 et 16 de la revue Doc(k)s, le projet était non seulement de rassembler des créations poétiques mais surtout de rencontrer des poètes, de découvrir une nouvelle génération de créateurs qui avaient intégré la culture de l'ordinateur [et] le web(38). De fait, les numéros successifs de la revue alire depuis 1989, les efforts d'inventaire plus récents de la revue Doc(k)s depuis 1997, la parution aussi, depuis 1996, d'un nombre croissant de cédéroms de poésie numérique en diverses langues, en français mais aussi en flamand, en portugais ou en anglais, et l'extension vertigineuse du réseau Internet confèrent à la poésie numérique en langue française comme, probablement, en toute autre langue, une situation nouvelle. Un phénomène extraordinaire de brassage, de métissage et d'amalgame est en train de se produire sur un plan intellectuel et esthétique. Inversement, un effort, non moins considérable, de recherche de la singularité et d'affirmation d'une identité radicale a commencé aussi à se manifester. L'élaboration en 1959 du tout premier recueil de vers libres électroniques en allemand en a inauguré l'histoire. Les initiatives des revues alire et Doc(k)s en 1997 et en 1999 en ont matérialisé une étape. L'essor du réseau Internet en a redéfini l'espace. De nouvelles avant-gardes esthétiques ont commencé de naître. Une révolution poétique s'est déjà produite. Il est certes encore trop tôt pour pouvoir la juger et conclure…
Notes
1Voir Baudot (Jean A;) : La Machine à écrire mise en marche et programmée par Jean A.Baudot : Le Premier recueil de vers libres rédigés par un ordinateur électronique, Montréal (Québec), Les Éditions du jour, 1964, 95 p. Le premier recueil de vers libres ou texte stochastique fabriqué par un ordinateur l'aurait été en allemand, en 1959, à Stuttgart, en République Fédérale, par Théo Lutz et Max Bense, à partir des cent premiers mots du Château de Franz Kafka en allemand. Les premiers recueils analogues en anglais lont été dès 1960 aussi bien aux États-Unis qu'en Grande-Bretagne (voir Sperrin Carole : Computers and creativity, 1973, cité par Jacques Donguy : "Poésie et ordinateur", in Doc(k)s-alire : Doc(k)s-alire + CqfD-Rom, Ajaccio-Villeneuve d'Ascq, Akénaton, Mots Voir, 1997n b°13/14/15/16, p.137).
2En 1959, le mot ordinateur était encore un néologisme, fabriqué en 1956 par un linguiste, J.Perret, pour traduire l'expression anglaise de computer, usité depuis 1946 en anglais. C'est la raison pour laquelle les deux manifestes de l'Oulipo, élaborés en 1961 par François Le Lionnais, se réfèrent à ce qu'on appelait encore des machines à traiter l'information (voir Le Lionnais (François) : La Lipo (Le premier Manifeste), in Oulipo, La Littérature potentielle, Paris, Gallimard, 1973, p.15 et sq).
3Le Lionnais (François) : La Lipo (Le premier Manifeste), in Oulipo, La Littérature potentielle, Paris, Gallimard, 1973, p.17.
4signalé dans Oulipo : Atlas de Littérature potentielle, Paris, Gallimard, 1981, p.427-430.
5 Mots-Voir: Le Salon de lecture, Villeneuve d'Ascq, Mots-Voir, 1995, 1 cédérom.
6SVM (Science et Vie Micro), Paris, SVM, 1996, 1 cédérom.
7ABCD Interaktive Magazin, Budapest ELTE, 1996, 1 cédérom.
8Burgaud (Patrick-Henri) : Poèmes et quelques lettres, Arnhem (Pays-Bas), Woord-Beeld, 1996, 1 cédérom.
9Certel-Université dArtois : Poésies animées, Arras, Certel-Université d'Artois, 1996, 1 cédérom.
10 Doc(k)s - alire : Doc(k)s-alire + CqfD-ROM, Ajaccio - Villeneuve d'Ascq, Doc(k)s - alire, 1997, numéros
13/14/15/16 + numéro 3, 256 p + 1 cédérom.
11 Doc(k)s : Doc(k)set CDRom. Un notre web, Ajaccio, Doc(k)s, 1999, 416 p + 1 cédérom.
12 Mots-Voir : alire, Villeneuve d'Ascq, Mots-Voir, 1999, n°11, 1 cédérom.
13 Dietsche Warande & Belfort : Special nummer Electronische Literature, Louvain (Belgique), DWB, 2000, 1
cédérom.
14Denize (Antoine) : Machines à écrire, Paris, Gallimard-Multimédia, 1999, 1 cédérom.
15Mots-Voir : Marionnettiste de mots, Villeneuve d'Ascq, Mots-Voir, 2001, 1 cédérom.
16Il existe aussi depuis 1999 un disque analogue en portugais, au Brésil, intitulé Interpoesia. Ce renseignement n'a pu être vérifié.
17Toile : traduction en français du mot web (pour toile d'araignée) utilisée en anglais pour désigner aussi Internet.
18 Oulipo : Atlas de la littérature potentielle, Paris, Gallimard, 1973, p.297.
19 Queneau (Raymond), Cent Mille Milliards de poèmes, Paris, Gallimard, 1961.
20 Fournel (Paul) : "Ordinateur et écrivain : l'expérience du centre Pompidou", in Oulipo, Atlas de littérature potentielle, Paris, Gallimard, 1981, p.298.
21 Oulipo : Atlas de la littérature potentielle, Paris, Gallimard, 1973, p.297.
22 Braffort (Paul) : "Alamo, une expérience de douze ans", in Vuillemin (Alain) et Lenoble (Michel) eds : Littérature et informatique : La littérature générée par ordinateur, Arras, Artois Presses Université, 1995, p.171 et sq.
23 Balpe (Jean-Pierre): Initiation à la génération de texte en langue naturelle, Paris, Eyrolles, 1986, p.204.
24 Voir KAOS 2 et KAOS 3, Levallois-Perret, Kaos, 1992 et 1993.
25 CIRCAV-GERICO: A:\Littérature, Villeneuve dAscq, CIRCAV-GERICO-MOTS-VOIR, 1994, 147 p + 2 disquettes micro-informatiques (Ibm Pc et Macintosh).
26 Braffort (Paul): Alamo une expérience de douze ans, in Vuillemin (Alain) et Lenoble (Michel) eds: Littérature et informatique: la littérature générée par ordinateur, Arras, Artois Presses Université, 1995, p.188.
27 Gillot (Arnaud): La notion d'écrilecture à travers les revues de poésie électronique alire et KAOS, Timisoara (Roumanie), Hestia-Certel, 1999, p.67.
28 Bootz (Philippe): Poésies en machination, in Littérature, Paris, Larousse, 1994, n°96, p.54 et sq.
29 Gillot (Arnaud): La notion d'écrilecture à travers les revues de poésie électronique alire et KAOS, Timisoara (Roumanie), Hestia-Certel, 1999, p.78.
30 Ibidem, p.78.
31 Ibidem, p.79.
32 Akénaton: Pur/impure. Réponse à Marc Roudier, in Doc(k)s: Doc(k)s & CDRom. Un notre web, Ajaccio, Doc(k)s, 1999, p.18.
33En supposant que le temps d'accès à une référence et que la durée de son examen soit d'une minute, l'exploration des 237339 pages web d'information qui avaient été inventoriées au 02 juillet 2001 aurait représenté 39556 heures de consultation, ou encore 1648 journées de travail continu à raison de 24 heures par jour!
34Clément (Jean): Cyberlittérature, in Balpe (Jean-Pierre) éd: L'art et le numérique, Paris, Hermès (les
Cahiers du numérique, 2000, p.93.
35 Akénaton: Pur/Impure, Réponse à Marc Roudier, in Doc(k)s, Doc(k)s & CDRom, Ajaccio, Doc(k)s, 1999, p.17.
36 Ibidem, p.17.
37 Ibidem, p.20.
38 Ibidem, p.17.
Adresses électroniques
Akenaton: http://www.sitec.fr/users/akenatondocks/AKENATON_f/INDEX-ake.html
Alamo: http://indy.culture.fr/alamo/rialt/pagaccalam.html
Charabia.net http://www.charabia.net/generation/index.php?voir=liste
Le générateur de cadavres exquis: http://www.France-cybermedia.fr/cgi-bin/cadavre.pl
Le générateur de mots damour: http://www.bgibeaux.online.fr/bienvenue.htm
Le laboratoire Paragraphe de lUniversité de Paris 8: http://www.labart.univ-paris8.fr/~gtextes
Oulipo: http://www2.ec-lille.fr/~book/oulipo
Le Poetron: http://leroy.citeweb.net/d_produits/poetron.htm
Présentation d'Alain Vuillemin par lui-même
Professeur de littérature comparée à l'Université d'Artois, je dirige un centre d'études et de recherches sur les textes électroniques et littéraires qui m'a déjà amené à produire des cédéroms sur la littérature et la culture bulgares Je salue une poétesse bulgare ici présente, Mlle Assia Sokratova de Plovdiv. De proche en proche, je me suis intéressé aux relations entre littérature et informatique, et c'est à ce titre que je viens vous présenter ce qu'il en est de la poésie et de l'ordinateur, d'un certain nombre de recherches ou d'expérimentations tout à fait contemporaines ou immédiatement contemporaines, tout ce qui a pu se faire depuis cinq ans et aussi depuis 1959.