Daniel LA BOSSIÈRE

Conseiller d'affaires, formation et mentorat du Conseil de développement économique des municipalités bilingues du Manitoba - CDEM

 

Le Conseil de développement économique du Manitoba (CDEM)

 

J'aimerais vous présenter ce qui se passe au Manitoba du point de vue économique et les services offerts par le Conseil de développement économique des municipalités bilingues. Le Conseil est une organisation à but non lucratif qui a été mise sur pied en 1995 à la suite d'une étude qui démontrait que les communautés francophones au Manitoba dépendaient largement du secteur primaire, c'est-à-dire du secteur agricole. Le CDEM vise à stimuler, développer l'économie dans les quinze municipalités bilingues du Manitoba. Depuis 1995, plusieurs secteurs ont été développés et, l'année dernière, le secteur Jeunesse a été créé pour intégrer les jeunes francophones, franco-manitobains, et francophiles dans l'économie francophone du Manitoba.

Deux plans d'action ont été adoptés. Le premier consistait à identifier, à développer et à proposer des modules de formation, des curriculums de formation à l'intérieur des systèmes scolaires francophones, la division scolaire franco-manitobaine et aussi de développer des programmes pour encourager les jeunes à se lancer en affaires. Cet été, nous avons mis en route un programme qui s'appelle Programme Été en Affaires, qui accorde une subvention aux jeunes qui veulent lancer des entreprises estivales. Ces jeunes doivent préparer et présenter un plan d'affaires, gérer une entreprise pendant une période de deux à quatre mois, selon qu'ils sont des étudiants de post-secondaire ou des étudiants du secondaire.

Le deuxième plan d'action que nous avons mis sur pied est le Réseau d'incubation, un réseau où des jeunes de dix-huit à trente-cinq ans sont incubés dans les municipalités bilingues. Nous avons un incubateur physique dans neuf bureaux où l'on offre un environnement de services qui permet à un jeune de monter une entreprise. La période d'incubation est d'une durée de vingt-quatre mois où tout se fait en français. Lorsqu'un jeune de dix-huit à vingt-cinq ans vient nous voir et qu'il décide de se lancer en affaires, nous allons lui offrir des services en français, lui donner une formation en affaires, l'aider à faire son plan d'affaires et à trouver un financement.

Chaque participant du Réseau d'incubation jouit d’un mentorat; ce peut être quelqu'un qui est à la retraite ou quelqu'un qui a déjà lancé une entreprise semblable. Chaque participant est jumelé à un mentor. Ces services d'incubation sont également offerts dans les régions rurales, c'est-à-dire dans les quatorze autres municipalités bilingues. Winnipeg, la ville de Winnipeg, est l'une d'elles. On dessert les gens de la ville de Winnipeg qui compte sept cent mille habitants et quatorze municipalités dont certaines sont à la frontière du Manitoba et de la Saskatchewan. Pour vous la situer, la province du Manitoba est au centre du Canada, entre l'Ontario et la Saskatchewan.

Nous nous déplaçons beaucoup pour offrir des services en français et les jeunes sont encouragés à choisir un nom bilingue pour leur entreprise. À l'intérieur de CDEM, figure un secteur Tourisme. On essaie de développer le tourisme dans les municipalités bilingues car un des défis est d'attirer les Français européens et les Québécois à venir visiter le Manitoba français mais, comme beaucoup d'affiches sont en anglais, se pose un problème d'identification. C'est un peu comme aller dans un Quartier chinois où il n'y aurait pas de Chinois! On travaille donc beaucoup avec les Chinois... (Rires) Ce n'est pas une évidence pour les jeunes entrepreneurs de la minorité de se choisir un nom d'entreprise bilingue. Nous avons un comité au sein du Conseil de développement économique qui propose des noms bilingues et invite le jeune à participer à un remue-méninge : une vingtaine de noms lui sont alors proposés qui pourraient convenir aux services ou aux produits de son entreprise. Ce sont les deux plans d'action que nous avons mis sur pied dans le secteur Jeunesse.

Nous encourageons les jeunes à être créatifs du point de vue économique. La créativité ne se limite pas à la littérature, à l'écriture et à la musique; elle existe aussi dans les affaires. Souvent, les gens font référence à la créativité en français uniquement par rapport aux arts, oubliant hélas! le côté des affaires. Nous encourageons les jeunes à exploiter et à développer d'autres marchés francophones en espérant qu'un jour il y aura plusieurs petites et moyennes entreprises francophones qui embaucheront des francophones et qui traiteront avec d'autres communautés francophones au niveau national et pourquoi pas? international. À long terme, nous souhaitons développer une culture d'entrepreneuriat francophone pour que les jeunes francophones ou francophiles qui veulent se lancer en affaires puissent le faire en français. Nous savons que, dans dix ou vingt ans, le taux de réussite prouvera que nous avions raison. Cette réussite sera un gage d'avenir pour d'autres jeunes qui suivront le même cheminement. J'espère être invité par la Biennale pour vous donner un bilan de la culture de l'entrepreneuriat francophone au Manitoba.

A la Une

 La culture suppose l'enracinement, la profondeur et la perspective d'un épanouissement sans cesse en progrès. 

Jacqueline de ROMILLY

Présidente d'Honneur de la Biennale de la langue française (2002-2010)

Dans Le Trésor des savoirs oubliés, éditions de Fallois, 1998, p. 93