Préface de Roland ELUERD
Au matin du vendredi 29 octobre 1999, en entrant dans le grand amphithéâtre de la Faculté des lettres, des arts, des sciences humaines et sociales de l'Université de Ouagadougou, parmi tant de personnalités venues nous témoigner leur estime et leur intérêt, parmi tant d'amis biennalistes, j'ai senti plus que jamais ce que signifiait l'absence du Président Fondateur de la Biennale de la langue française, le professeur Alain Guillermou.
Puis j'ai levé les yeux - quand on est en bas des gradins d'un amphithéâtre, c'est un mouvement naturel du regard et j'ai vu, sur toute la moitié supérieure de la vaste salle, occupant les travées, les escaliers et les embrasures ouvertes, une nappe de visages souriants et déjà attentifs: les étudiantes et les étudiants de l'Université venus nous accueillir, venus nous écouter. Alors je me suis dit qu'Alain Guillermou aurait aimé cet accueil. Tous ces jeunes, dont aucun n'était né quand commençait l'aventure de la Biennale, attestaient que le travail accompli avait été un bon travail et qu'il fallait le poursuivre.
Oui, la XVIIIe Biennale de la langue française aura été une grande biennale.
Grande par notre silence et notre émotion après que Madame Hélène Guillermou nous eut parlé de son père et de ce que représentait pour lui la Biennale et les biennalistes.
Grande par l'exceptionnelle chaleur de l'accueil des Burkinabè, au premier rang desquels S.E. Monsieur Biaise Compaoré, Président du Faso, Chef de l'État.
Grande par l'efficacité et la rigueur de son organisation à laquelle auront participé tant de personnalités et tant d'amis du Burkina Faso ou des autres pays de la Francophonie.
Grande par la qualité des interventions, l'intérêt des thèmes et des questions, la richesse des échanges et des vœux adoptés.
Grande par l'approche qui nous aura été offerte de cette terre des « hommes intègres », de son passé et de sa culture, de son avenir et de ses espérances.
Au moment où j'écris ces lignes, presque dix mois se sont écoulés. les images colorées de la XVIIIe Biennale sont dans ma mémoire. La préparation des Actes s'achève. Nous sommes maintenant tournés vers la XIXe Biennale, celle de l'été 2001, à Hull et Ottawa. Hélas, d'autres amis nous ont définitivement quittés: Jean Burel, Henri Bergeron et le professeur Jean-Charles Sournia, de l'Académie de Médecine, membres de notre Comité d'honneur, Rabah Chibane, membre de notre Conseil d'administration. Comme les sentinelles vigilantes, la « vieille garde » de la Biennale passe les consignes. Mais nous avons appris en Afrique, nous avons appris à Manega, comment lier le respect dû aux visages d'hier à l'attente qu'expriment les jeunes visages d'aujourd'hui et de demain.
Roland Eluerd
Président de la Biennale de la langue française