XXVIIe BIENNALE DE LA LANGUE FRANÇAISE
PARIS 14-16 SEPTEMBRE 2017
Allocution prononcée lors de la séance d’ouverture par
Monsieur Roland ELUERD
ancien président de la Biennale
Monsieur le Délégué général,
Chers amis biennalistes, anciens et nouveaux,
Nous ne saurions donner trop de solennité à l’instant que nous vivons. D’habitude en effet, le président de la Biennale de la langue française clôt la séance d’ouverture. Mais voici que pour la deuxième fois en 50 ans, il prend la parole le premier. C’est que pour la deuxième fois en 50 ans, la Biennale change de président. Et le président n’est encore un peu président que pour le temps de ce discours.
Vous comprendrez combien, au moment de prononcer ces paroles d’ouverture de la 27e Biennale de la langue française, c’est le souvenir de mes paroles d’hier qui m’habite : Avignon en 1993, Bucarest en 1995, Neufchâtel 1997, Ouagadougou 1999, puis 2001 Hull Ottawa, 2003 La Rochelle, 2005 Bruxelles, 2007 Dakar, 2009 Sofia, 2011 Tallinn, et Bordeaux en 2013.
Vous me pardonnerez de devoir d’abord dire que, dans ces souvenirs, trop de visages sont, hélas, aujourd’hui et pour toujours absents.
D’abord, celui de Alain Guillermou, notre fondateur, qui me transmit le témoin à Avignon. Autour de lui, ses amis de l’Académie française, Léopold Sedar Senghor et Jacqueline de Romilly, présidents de neuf des dix biennales que j’ai eu l’honneur d’organiser. Leur présence, leur amitié sans fard, accompagnaient celle d’un autre grand ami de Alain Guillermou et des Biennales, le secrétaire perpétuel de l’Académie, Maurice Druon.
Ensuite, les visages de Jean Burel, directeur de la Documentation française, du professeur et maître Charles Muller qui, tous deux, dès ma première biennale, à Lisbonne en 1983 , m’initièrent aux arcanes d’une francophonie teintée de fado. Du professeur Albert Doppagne aussi précis dans sa ponctuation que dans ses conseils et son humour. De Alain Brohez, responsable du tourisme wallon qui nous éclaira de ses conseils et avec qui je me serai si souvent attardé aux bars des hôtels tard le soir, qui fit de la Biennale de Bruxelles une grande réussite, aidé par Claire-Anne Magnès présente parmi nous, témoignage vivant de la fidélité biennaliste. De maître Jean-Paul Buffeland-Lanore qui nous aida à sortir d’un guêpier juridique où des esprits chagrins auraient aimé nous enfermer. La liste de ces amis serait si longue…
Permettez-moi d’ajouter le juge Decheix, le professeur Léon Nadjo, Pierre Murith du Fichier français de Berne, Yvonne Weiss du Club de la grammaire de Genève, Rabah Chibane inspecteur de l’éducation en Algérie, le professeur Michel Tétu, qui, à Laval comme à Paris, accueillit si souvent les responsables de la Biennale et qui fit de l’Année francophone internationale la grande revue que nous connaissons, Henri Bergeron qui ouvrit si souvent à la Biennale les ondes de Radio Canada et qui fut un ami à jamais présent dans mon cœur.
Et, puisque je parle de mon cœur, ah ! mes si chers vieux amis biennalistes — les anciens me comprendront du fond de leur être — comme je voudrais que Colette fût encore parmi nous et qu’elle vous embrassât tous comme je le fais, et pour elle et pour moi.
Oui, cette liste est hélas trop longue…
Dieu merci, d’autres visages demeurent avec nous.
Ce sont d’abord ceux de collaborateurs efficaces puis très vite de chaleureux amis. Jeannette Ogée, notre vice-présidente d’honneur, mémoire de la Biennale, présente dès le début, monument de fidélité, de dévouement, de compétence grammaticale. Gildas Ogée que j’eusse volontiers nommé Grand Chambellan de la Biennale parce que secrétaire général me semblait un titre un peu pâle.
Alain Landry et Norman Moyer, premier et second vice-présidents de l’association, qui furent, avec Michèle Paré les maîtres artisans de la biennale de Hull et Ottawa. Le professeur Joseph-Yvon Thériault qui leur succéda.
Le professeur émérite Jacques Chevrier, ancien directeur du Centre international d’études francophones de Paris-Sorbonne, notre phare pour l’Afrique et ses écrivains, et pour la biennale de Dakar.
Le professeur Alain Vuillemin, professeur émérite de l’université d’Artois, notre lien fraternel avec l’AMOPA, notre phare pour les francophonies d’Europe orientale, et pour la biennale de Sofia.
Sans oublier ceux qui ont en quelque sorte grandi avec les Biennales puisque leurs parents furent des premières : Michel Ocelot, le papa de Kirikou, le professeur Nicolas Mathieu, Marie-Laure Casenave Decheix.
Entre tous nos amis africains, j’aimerais adresser le témoignage de ma gratitude à nos amis de Dakar, Moustapha Tambadou, Amadou Lamine Sall. À Marius Dakpogan, au Bénin. À notre cher ami de Ouagadougou Théodore Boukaré Konseiga. Au professeur Mohamed Taïfi et à maître Ridha Mezghani qui sont respectivement, j’ose le dire, les ambassadeurs du Maroc et de la Tunisie auprès de la Biennale.
J’aurais garde d’oublier ces hommes politiques qui nous ont accordé leur soutien et qui nous le conserve : Monsieur Franck Borotra, ancien président du feu conseil général des Yvelines, Monsieur le président de la République Jacques Chirac et Monsieur Alain Juppé ami de notre fondateur, Alain Guillermou, et ami de notre Biennale comme il l’a exprimé pour celle de Bordeaux en 2013, ainsi que dans une récente lettre où il salue l’arrivée de notre nouvelle présidente.
Mais parler de Monsieur Alain Juppé, c’est aussi pour moi et la Biennale parler de nos liens avec le Quai d’Orsay, métonymie qui permet de ne pas se tromper dans les différents noms du ou des ministères qui y ont trouvé et y trouve leur lieu. En effet, Monsieur Juppé m’apporta l’aide et l’appui de son ministère pour la première biennale que j’organisai, celle de Bucarest en 1995. Et les archives de la Biennale conservent des lettres toujours chaleureuses de ses successeurs, en particulier de Messieurs Hubert Védrine, Dominique de Villepin et Michel Barnier. Il importe également que je souligne l’accueil que nous avons toujours reçu de nos ambassadeurs. Je pense là aussi en particulier à Messieurs Bernard Boyer à Bucarest, François Cousin à Ouagadougou, Jean-Christophe Rufin, à Dakar, Denis Bauchard, à Ottawa, Frédéric Billet, à Tallin. Il me prendrait trop de temps de citer l’aide reçue des services culturels des ambassades, elle fut toujours efficace. Cette brève histoire me permet de saluer avec respect et chaleureusement Madame Carole Dandeville, chef de pôle de la coopération éducative francophone qui représente parmi nous la mission de la langue française et de l’éducation aux ministères de l’Europe et des affaires étrangères.
Preuve de la vitalité des amitiés liées par la Biennale, elles concernent des associations. Je citerai l’association des Informaticiens de langue française et notre ami, ingénieur honoraire des Mines, Alain Hernandez. Le Fichier français de Berne et Blaise Crevoisier. Claire-Anne Magnès et la revue Francophonie vivante, éclatant panache du français d’outre-Quiévrain, comme disent les commentateurs du Tour de France.
Le Cercle Richelieu Senghor, mes amis, nos amis, les professeurs Pierre et Lise Sabourin, Madame Anne Magnant, l’ambassadeur de France S.E. Bernard Dorin.
Nos liens si étroits avec l’AMOPA, hier avec son regretté président, l’inspecteur général Jacques Treffel, aujourd’hui avec le président Michel Berthet. Liens dont témoigne votre présence Monsieur Henriot, liens dont témoigne aussi la fidélité de notre amie Mariana Perisanu, rencontrée lors de la Biennale de Bucarest, 1995, toujours présente et aujourd’hui présidente de l’AMOPA de Roumanie. Amopalien et biennaliste sont quasi synonymes !
Je citerai également nos liens de combat avec Défense de la langue française, en particulier ceux qui nous attachent à Madame Guillemette Mouren-Verret, son infatigable secrétaire générale, si généreuse dans son engagement.
Nos liens également de combat avec l’AFAL et avec l’Alliance francophone internationale et son président Jean Guion, de l’Académie des sciences d’outremer, qui fut l’artisan de la Biennale de Ouagadougou avec notre ami Théodore Konseiga déjà nommé.
En plus des associations, nos amitiés concernent également des institutions. Deux, en particulier. L’ancienne ACCT devenue Organisation internationale de la Francophonie. Son Excellence Abdou Diouf avait accepté d’accorder son Haut-Patronage à la Biennale de Bruxelles. Laquelle avait été si chaleureusement appuyée par l’administrateur général Monsieur Roger Dehaybe. D’autres responsables de l’OIF ont été ou sont de précieux amis de la Biennale. Hier Monsieur Stéphane Lopez. Aujourd’hui Madame Youma Fall. Hier et aujourd’hui, Madame Imma Tor Faus. Madame, je salue avec respect, gratitude et chaleur votre présence parmi nous. Salut au nom de l’encore un peu président de la Biennale de langue française, mais également en mon propre et simple nom.
Enfin, la Délégation générale à la langue française, qui a doublé son L et son F sous l’égide de mon collègue et, malgré cela, toujours ami, Bernard Cerquiglini. Notre coopération avec les objectifs de la Délégation s’est appuyée sur nos liens avec Madame Anne Magnant, Monsieur Xavier North, avec Monsieur Jean-François Baldi, Madame Odile Canale, Monsieur Thibault Grouas. Aujourd’hui et demain avec Monsieur Paul Petit.
Monsieur le Délégué général, permettez au tout neuf ancien président de la Biennale de vous dire combien votre présence est pour les biennalistes un témoignage précieux d’encouragement et de soutien. C’est, je le sais d’expérience, ce que pense la nouvelle présidente.
Monsieur le Délégué général,
Chers amis biennalistes,
J’ai cité tous ces noms pour que personne ne s’avise de dire que Roland Eluerd fut président de la Biennale de la langue française pendant 25 ans.
J’ai tenu à évoquer avec une émotion sincère toutes ces personnes, tous ces amis parce que sans eux rien n’aurait pu être fait, parce que sans eux ce titre de président m’eût été bien lourd à porter.
Et si j’ai plusieurs fois prononcé les noms ami et amitié, soyez assurés qu’il ne s’agissait pas d’une figure de style, d’un éloge rhétorique. Le croire, ce serait se tromper sur ce qui est l’un des caractères essentiels de la Biennale de la langue française : non pas simplement réunir des conférenciers compétents et brillants mais créer des liens qui demeurent de biennale en biennale — et qui nous laissent si désemparés quand l’un d’entre eux quitte le bord.
Il me reste à vous faire un aveu, un aveu qui vous paraîtra peut-être un peu exagéré : je suis très fier du travail accompli durant ces 25 ans au service de la langue française dans la diversité de ses usages et des cultures qu’elle exprime.
Et ce dont je suis fier aujourd’hui, c’est d’avoir suscité parmi les biennalistes une relève. Je suis fier que Liliane Soussan, ma collègue au lycée militaire de Saint-Cyr demeure aujourd’hui secrétaire générale et trésorière de la Biennale. Que Line Sommant, docteur en linguistique, ait ajouté à sa fidélité à la Biennale la part qu’elle a prise dans l’organisation de la précédente, celle de Cluj Napoka, en Roumanie, et accepté de poursuivre son rôle de vice-présidente. Je suis fier que Cheryl Toman, professeur à la Case Western University de Cleveland, grande spécialiste des littératures féminines africaines soit devenue notre nouvelle présidente.
Une jeune femme américaine, francophone et parisienne de cœur et d’âme succède à un très vieux gamin du Paris des années 40 comme il avait lui-même succédé à un éminent professeur des anciennes Langues O’… la trajectoire de la Biennale est bien française et internationale.
Je suis convaincu que les nobles paroles prononcées à Dakar, dans le salle du théâtre Daniel Sorano, par Amadou Lamine Sall, resteront notre guide : « La Biennale de la langue française garde la langue française en éveil. Elle en fait un questionnement permanent et lucide. Elle en fait une brûlure. »
J’atteste de cette brûlure et je ne veux pas qu’elle cicatrise !
Madame la présidente de la Biennale, je vous souhaite 25 années de belle présidence !
Vive la Biennale de la langue française !