XXVIIe BIENNALE DE LA LANGUE FRANÇAISE
PARIS 14-16 SEPTEMBRE 2017
La représentation du français chez les apprenants du secteur de la formation professionnelle à Dakar
Ousmane Diao, Docteur en Sciences du langage Et de la communication, Enseignant-chercheur au département de Lettres Modernes, Faculté des Lettres et Sciences Humaines, Université Cheikh Anta Diop, Dakar - Aminata Aidara, Docteur en Littérature francophone
Présentation :
Cette recherche apparait comme le prolongement du projet TRANSLANGA (transmission des langues en Afrique subsaharienne) qui a porté sur les pratiques et les représentations linguistiques en Afrique subsaharienne.
En marge de ce projet, nous avons mené une étude portant sur les pratiques linguistiques chez les jeunes de moins de 22 ans intitulée : Dynamisme linguistique à Tambacounda.
Cette étude, elle s’intéresse à la représentation, à l’imagerie linguistique. A la différence de celle portant sur les pratiques, celle-ci a pour cible l’enseignement supérieur. Cette première étape s’intéresse à la formation professionnelle dans le secteur privé.
Le choix de Dakar est aussi très significatif dans la mesure où, du point de vue linguistique Dakar apparaît comme une ville cosmopolite avec une forte diversité ethnique. Elle regroupe aussi les plus grandes écoles et institutions de formation professionnelle du pays.
L’introduction :
Elle précise le contexte, les motivations et l’intérêt de l’étude ; dégage bien la problématique puis indique la démarche.
-Le contexte, l’intérêt et les motivations ;
-La problématique ;
-La cible ;
-La démarche.
Introduction :
Dans le contexte du développement scientifique et technologique du XXIème siècle, quelle est la place de la littérature et de la langue française dans le système de l’enseignement professionnel ? Pendant que de grandes puissances économiques asiatiques ou américaines proposent des bourses d’études aux apprenants, et que le marché d’emploi exige des aptitudes en anglais ou dans d’autres langues, quelles sont les chances de réussite chez les jeunes francophones diplômés des écoles de formation du secteur privé ? Dans ce sillage, peut-on estimer que le français apparaisse aux yeux des apprenants de ce système, comme une langue de la science et des métiers ?
Répondre à cette triple interrogation implique que l’on s’engage à observer le comportement et le regard que les apprenants portent sur le français qui reste leur langue officielle. Notre terrain de recherche concerne trois instituts : ESP (école supérieure polytechnique de Dakar), G15 (centre d’entreprenariat et de développement technique Sénégal-inde), ESMT (école supérieure multinationale des télécommunications) ciblés à Dakar ; et pour ce qui est de la démarche nous avons administré un questionnaire extrait du MAC (méthode d’analyse combinatoire) de Bruno Maurer au groupe cible. Avant d’en venir à l’analyse des données, nous présentons la situation sociolinguistique du Sénégal et de la ville de Dakar.
I. Situation sociolinguistique
I.1.Situation géographique
Dakar est la capitale du Sénégal, pays francophone, le pays du président poète Léopold Sédar Senghor. Il est situé à l’ouest du continent africain, et sa population est estimée à environ quatorze (14) millions d’habitants. C’est la porte de l’Afrique. Sa capitale, Dakar compte quatre départements : Pikine, Guédiawaye, Rufisque et la ville métropolitaine de Dakar.
I.2.Dynamisme linguistique à Dakar
Dakar, cœur administratif de cet espace géographique, est une ville en rapide mutation parce que principale destination de l’exode rural sénégalais. Cette présence de populations de langues-cultures différentes reconfigure, par le truchement d’une culture urbaine partagée, les langues de premières communications sociales par le biais d’une forte hétérogénéité ethnique et linguistique accélérée par une grande disparité des modes de vie et des formes d’urbanisation. Dakar comme laboratoire linguistique regroupe toutes les langues du pays.
I.2.1.Dynamisme des langues locales
La composition géographique de la communauté urbaine de Dakar analysée en territoire linguistique (Daff 2004), révélera comment cette ville est devenue le symbole vivant des langues au Sénégal. En effet, on retrouve à Dakar la cohabitation et des langues étrangères (français, anglais, espagnol, portugais, arabe…) et des langues locales (wolof, peul, manding, séreer, diola, soninké, ...
Selon les dernières publications, les premières langues véhiculaires à Dakar demeurent principalement : le wolof, le peul et le sérère suivies des langues mandingues (socé, bambara, diakhanké), du diola, du soninké…
Il faut préciser qu’aujourd’hui, le Sénégal compte vingt-et-une (21) langues codifiées.
I.2.2.Dynamisme des langues étrangères
Il s’agit des langues enseignées dites langues étrangères : français, anglais, arabe, espagnol, portugais, allemand, italien, russe…
Dans les pratiques langagières, on remarque que le français et l’arabe constituent les premières langues de communication. Même si l’anglais est bien apprécié par les sénégalais, dans la pratique, c’est encore une langue moins parlée.
Ainsi, parmi les langues étrangères le français est de loin la première langue de communication. Son statut demeure d’ailleurs problématique : le français est-il une langue étrangère ou langue seconde au Sénégal ou encore langue maternelle pour d’autres ?
II. Analyse des données
Il convient de rappeler que cette étude porte sur un groupe cible : les apprenants du secteur de la formation professionnelle à Dakar. Ce qui veut dire qu’elle intéresse le secteur de l’enseignement supérieur. Trois instituts de formation professionnelle sont concernés : ESP (école supérieure polytechnique de Dakar), G15 (centre d’entreprenariat et de développement technique Sénégal-inde), ESMT (école supérieure multinationale des télécommunications).
Un questionnaire leur est administré.
II.1.Le questionnaire
Il est intitulé enquête MAC (image du français) et comporte quelques rubriques à renseigner en entête:
-âge :
-sexe :
-niveau d’étude :
-profession du père :
Le questionnaire est composé de quinze (15) propositions introduites par la formule :
Pour moi, le français, c’est la (c’est une)…
Consigne :
Inscrivez une note au bout de chaque ligne selon cinq étapes:
Etape 1 : Notez +2 les 3 propositions avec lesquelles vous êtes le plus d’accord. Vous vous dites : « oui, le français, pour moi, c’est vraiment ça ».
Etape 2 : Notez -2 les 3 propositions avec lesquelles vous n’êtes pas du tout d’accord. Vous vous dites : « Non, le français, pour moi, ce n’est pas du tout ça ».
Etape 3 : Notez +1 les 3 propositions avec lesquelles vous êtes assez d’accord. Vous vous dites : « oui, le français, pour moi, c’est ça. »
Etape 4 : Notez -1 les 3 propositions avec lesquelles vous n’êtes pas d’accord. Vous vous dites : « Non, le français, pour moi, ce n’est pas ça ».
Etape 5 : Notez 0 les 3 propositions qui restent.
Enquête MAC (image du français)
Sexe : âge : profession du père de famille : niveau d’étude :
Lisez attentivement les propositions suivantes,
Pour moi, le français, c’est la (c’est une)…
Propositions |
Notes (+2,-2,+1,-1,0) |
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Maintenant, inscrivez une note au bout de chaque ligne.
Etape 1 : Notez +2 les 3 propositions avec lesquelles vous êtes le plus d’accord. Vous vous dites : « oui, le français, pour moi, c’est vraiment ça ».
Etape 2 : Notez -2 les 3 propositions avec lesquelles vous n’êtes pas du tout d’accord. Vous vous dites : « Non, le français, pour moi, ce n’est pas du tout ça ».
Etape 3 : Notez +1 les 3 propositions avec lesquelles vous êtes assez d’accord. Vous vous dites : « oui, le français, pour moi, c’est ça. »
Etape 4 : Notez -1 les 3 propositions avec lesquelles vous n’êtes pas d’accord. Vous vous dites : « Non, le français, pour moi, ce n’est pas ça ».
Etape 5 : Notez 0 les 3 propositions qui restent.
Quels sont les résultats ?
Au total 300 questionnaires ont été exploités.
II.2.L’exploitation des données.
L’analyse des graphes montre que l’image associée au français donne fondamentalement deux représentations :
-réussite sociale
-langue du colonisateur
Cependant, l’intérêt majeur demeure dans le dynamisme du français parmi les langues enseignées dans ce secteur.
Enseignements et perspectives :
Il ressort de cette recherche que le français garde encore son rang de monopole parmi les langues enseignées à Dakar. Une autre étude est prévue sur l’imagerie linguistique qui va porter sur les instituts et Universités publiques du Sénégal.
Conclusion :
Pour conclure, l’on peut retenir que l’image que les apprenants du secteur professionnel à Dakar ont du français est fondamentalement associée à la réussite sociale, même si certains l’assimilent à la langue du colonisateur.
Mais l’intérêt a été surtout d’observer le dynamisme du français parmi les langues enseignées, du moins dans le secteur de la formation professionnelle.
Il ressort de cette recherche que le français garde encore son rang de monopole parmi les langues enseignées à Dakar. Une autre étude est prévue sur l’imagerie linguistique qui va porter sur les instituts et Universités publiques du Sénégal.