XXVIIe BIENNALE DE LA LANGUE FRANÇAISE
PARIS 14-16 SEPTEMBRE 2017
Le concours de l’AMOPA « Défense et illustration de la langue française »
Intervention à la XXVII° Biennale de la langue française
Jeudi 14 septembre 2017
Patrice Henriot
Délégué culturel et administratif de l'AMOPA
Monsieur le Délégué général,
Madame la Présidente,
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
C’est un grand honneur de représenter l’Association des membres de l’Ordre des Palmes académiques à cette XXVIII° Biennale de la langue française. Je vous transmets les félicitations et les salutations chaleureuses de Monsieur Michel Berthet, notre Président national, que des engagements ont retenu loin de Paris.
Notre association regroupe près de vingt mille titulaires de cette décoration, la plus ancienne distinction civile française, créée par Napoléon en 1808 pour récompenser les services rendus à l’enseignement. A l’origine, destinée aux seuls universitaires, puis étendue à tous les membres de l’enseignement , enfin, depuis le décret du 4 octobre 1955 instituant un ordre des Palmes académiques, cette distinction récompense également « les personnes ayant rendu des services signalés à l’enseignement et aux Beaux-Arts ». L’association, créée en 1962, a été reconnue d’utilité publique par décret du 26 septembre 1968. Cette reconnaissance s’adresse à ses actions en faveur de la jeunesse, de la langue et de la culture françaises. Parmi ces actions, l’opération du Don du Livre, organisée en partenariat avec la Marine nationale, de nombreuses actions de lutte contre l’illettrisme dans nos sections départementales, des Bourses et des concours pour l’enseignement technique et technologique et
organisé chaque année, le Concours « Défense et illustration de la langue française » qui se décline à travers trois Prix :
Le Prix d’expression écrite de la langue française est proposé aux élèves des Cours moyens des écoles élémentaires, aux élèves du collège, de lycée et des classes post-baccalauréat.
Le Prix de la jeune poésie s’adresse aux élèves de collège, de lycée et des classes post-baccalauréat. Ce prix a été décerné pour la première fois en 1995. Il vise à encourager l’imagination et la sensibilité. La forme poétique utilisée peut être la forme régulière fixe, le vers libre ou le poème en prose.
Le Prix Maupassant de la Jeune nouvelle s’adresse aux élèves de 4ème et de 3ème des collèges et aux élèves de lycée et des classes post-baccalauréat.
Ces Prix sont également proposés dans les établissements français de l’étranger.
L’O.I.F. (Organisation internationale de la francophonie) avec laquelle l’AMOPA a signé un partenariat, offre un Prix spécial de la francophonie. Son Excellence Madame Michaëlle Jean Secrétaire générale, présidant à son libellé avec Madame Ima Tor Faus, Conseillère Langue française et diversité linguistique, dont je salue la présence.
Une distribution solennelle des Prix est organisée chaque année depuis 2012. Elle eut pour cadre en 2012 la salle de théâtre de l’Ecole normale supérieure de la rue d’Ulm. Depuis 2013, elle a lieu dans le Grand Salon de l’Université de Paris à la Sorbonne. La remise des Prix s’accompagne d’une conférence par un universitaire de renom et s’achève par une audition musicale.
L’AMOPA offre aux lauréats de très beaux livres et, grâce à son partenariat avec l’association Athéna, des voyages culturels en Grèce accompagnés par un professeur. L’accompagnement d’un parent bénéficie de conditions très préférentielles. Enfin l’ADOSOM offre à certains lauréats, choisi sur critères sociaux, un séjour d’une semaine à Cannes accompagné d’un parent. Le partenariat avec les éditions Les Belles Lettres-Klincksieck et avec la M.A.E. permet l’impression du Palmarès et d’un Florilège des meilleurs travaux.
Qu’est-ce qu’un concours ?
Issu du latin concursus, le mot est formé sur la racine de currere, courir. En français, il apparaît vers 1630 avec le sens de « moyen de se tirer d’affaire », puis de « réunion », enfin de compétition. D’où les substantifs dérivés, concurrent, concurrence. Dans le latin juridique, concurrere veut dire « prétendre à quelque chose ».
Le concours n’est pas un examen.
L’examen (du latin examen, aiguille de balance » est parent d’exigere, peser. De là, deux voies, deux pratiques, deux attitudes. L’examinateur pèse, soupèse, mesure, note. L’examen permet, dès que candidat atteint la moyenne, de passer dans la classe supérieure, ou d’obtenir un diplôme.
Le jury du concours évalue, apprécie, reconnaît, honore, salue. A l’examen, il s’agit de s’en tirer. Au concours la moyenne ne suffit pas. Quelques-uns obtiennent une récompense, un Prix, une distinction.
On observera qu’en athlétisme, discipline grecque, les concours récompensent la course, le lancer (javelot, poids), le saut. Il ne s’agit pas de jeux ou de sports collectifs.
En laissant de côté les concours de recrutement, qui sont subordonnés à un objectif extérieur aux épreuves (par exemple, il n’y a pas un rapport analytique entre le recrutement de 45 professeurs de Philosophie et l’explication d’un texte de Platon ou de Kant), il faut observer que les concours de l’AMOPA invitent à la liberté, qui passe par la confiance en soi.
Quelques exemples empruntés de sujets proposés au concours d’« expression écrite de la langue française »
En 2015 :
Ecoles élémentaires : « avez-vous une activité préférée, un loisir ? Que vous apportent-ils ? »
Collèges : « Vous écrivez à un ami dont vous n’avez pas eu de nouvelles depuis longtemps. Vous lui dites ce qu’est pour vous une amitié vraie. »
Lycées, classes préparatoires, BTS : « la jeunesse, temps des indignations, des solidarités, des engagements »
Et « Le rôle de la transmission dans l’apprentissage d’un métier ».
A chacun de ces niveaux, à côté du sujet proposé, un sujet libre au choix du professeur.
Le professeur adresse les meilleures copies (3 de chaque niveau) à la section départementale de l’AMOPA. Un jury départemental peut récompenser des copies. Il adresse le quatre meilleures de son choix au jury national.
Le concours de la Jeune nouvelle récompense une œuvre d’imagination qui exige une intrigue, une action dramatique une chute inattendue.
Pour le Prix de la Jeune Poésie, le sujet est au libre choix des candidats
Participation à ce concours
Le nombre de copies parvenues aux jurys nationaux augmente chaque année. En 2017, nous avons atteint 949 copies, dont 667 en provenance de la France.
Parmi les pays qui participent régulièrement : Angleterre, Biélorussie, Chypre, Finlande, Grèce, Italie, Liban, Madagascar, Moldavie, Monaco, Norvège, Pologne, Québec, Roumanie, Sultanat d’Oman.
Les sujets pour 2018 seront en Expression écrite de la langue française :
Ecoles élémentaires CM1-CM2 : Si tu pouvais habiter la maison de tes rêves, à quoi ressemblerait-elle ?
Collèges, classes de 6ème-5ème : Que pensez-vous de ces marins qui embarquent pour de longues semaines en solitaire ? Que cherchent-ils ? Imaginez ce qu’ils peuvent ressentir. Seriez-vous tenté par ce type d’aventure ?
Classes de 4ème-3ème : Le chemin de l’école est-il pour vous un itinéraire banal ou une occasion d’observations, de rencontres, de rêves ?
Lycées, classes préparatoires, BTS :
Vous avez été témoin d’une scène d’injustice. Qu’avez-vous ressenti ? Comment avez-vous réagi ?
Puisque le concours, en évoquant « défense et illustration de la langue française », se réclame de Joachim du Bellay, je rappellerai la signification de ce manifeste de la Pléiade et en tirer la signification actuelle. Ce manifeste de 1549 entend affirmer la noblesse d’une langue moderne et invite les écrivains à renouveler la langue et les genres littéraires. La philosophie suivra. Avec Descartes, elle osera s’engager dans cette voie. Le Discours de la méthode est le premier ouvrage philosophique rédigé en français (1637), langue commune.
Se réclamer de cet illustre précédent, ne tend pas figer la langue, mais nous invite à la pratiquer, ce faisant, à la vivifier. Il faut d’abord oser.
Elitiques, les concours ? Oui, mais au sens athlétique : s’étonne-t-on des Jeux olympiques ? Il semble même qu’on s’en réjouisse. Pourquoi l’excellence au lancer, à la course, à la perche, serait-elle accueillie avec ferveur, et non l’aptitude à écrire un poème, à agencer un récit, à ordonner une réflexion argumentée ? Exercices de volonté, tout autant.
Pour dire l’essentiel avec un grand penseur et un grand poète moderne, lorsqu’il s’adresse aux élèves du collège où il étudia :
« Je voudrais, jeunes gens, que vous sentiez vos forces » (Paul Valéry, Discours prononcé à l’occasion de la distribution des Prix du Collège de Sète, in Variété, Pléiade t. I, p. 14).
Patrice Henriot
Monsieur le Délégué général,
Madame la Présidente,
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
C’est un grand honneur de représenter l’Association des membres de l’Ordre des Palmes académiques à cette XXVIII° Biennale de la langue française. Je vous transmets les félicitations et les salutations chaleureuses de Monsieur Michel Berthet, notre Président national, que des engagements ont retenu loin de Paris.
Notre association regroupe près de vingt mille titulaires de cette décoration, la plus ancienne distinction civile française, créée par Napoléon en 1808 pour récompenser les services rendus à l’enseignement. A l’origine, destinée aux seuls universitaires, puis étendue à tous les membres de l’enseignement , enfin, depuis le décret du 4 octobre 1955 instituant un ordre des Palmes académiques, cette distinction récompense également « les personnes ayant rendu des services signalés à l’enseignement et aux Beaux-Arts ». L’association, créée en 1962, a été reconnue d’utilité publique par décret du 26 septembre 1968. Cette reconnaissance s’adresse à ses actions en faveur de la jeunesse, de la langue et de la culture françaises. Parmi ces actions, l’opération du Don du Livre, organisée en partenariat avec la Marine nationale, de nombreuses actions de lutte contre l’illettrisme dans nos sections départementales, des Bourses et des concours pour l’enseignement technique et technologique et
organisé chaque année, le Concours « Défense et illustration de la langue française » qui se décline à travers trois Prix :
Le Prix d’expression écrite de la langue française est proposé aux élèves des Cours moyens des écoles élémentaires, aux élèves du collège, de lycée et des classes post-baccalauréat.
Le Prix de la jeune poésie s’adresse aux élèves de collège, de lycée et des classes post-baccalauréat. Ce prix a été décerné pour la première fois en 1995. Il vise à encourager l’imagination et la sensibilité. La forme poétique utilisée peut être la forme régulière fixe, le vers libre ou le poème en prose.
Le Prix Maupassant de la Jeune nouvelle s’adresse aux élèves de 4ème et de 3ème des collèges et aux élèves de lycée et des classes post-baccalauréat.
Ces Prix sont également proposés dans les établissements français de l’étranger.
L’O.I.F. (Organisation internationale de la francophonie) avec laquelle l’AMOPA a signé un partenariat, offre un Prix spécial de la francophonie. Son Excellence Madame Michaëlle Jean Secrétaire générale, présidant à son libellé avec Madame Ima Tor Faus, Conseillère Langue française et diversité linguistique, dont je salue la présence.
Une distribution solennelle des Prix est organisée chaque année depuis 2012. Elle eut pour cadre en 2012 la salle de théâtre de l’Ecole normale supérieure de la rue d’Ulm. Depuis 2013, elle a lieu dans le Grand Salon de l’Université de Paris à la Sorbonne. La remise des Prix s’accompagne d’une conférence par un universitaire de renom et s’achève par une audition musicale.
L’AMOPA offre aux lauréats de très beaux livres et, grâce à son partenariat avec l’association Athéna, des voyages culturels en Grèce accompagnés par un professeur. L’accompagnement d’un parent bénéficie de conditions très préférentielles. Enfin l’ADOSOM offre à certains lauréats, choisi sur critères sociaux, un séjour d’une semaine à Cannes accompagné d’un parent. Le partenariat avec les éditions Les Belles Lettres-Klincksieck et avec la M.A.E. permet l’impression du Palmarès et d’un Florilège des meilleurs travaux.
Qu’est-ce qu’un concours ?
Issu du latin concursus, le mot est formé sur la racine de currere, courir. En français, il apparaît vers 1630 avec le sens de « moyen de se tirer d’affaire », puis de « réunion », enfin de compétition. D’où les substantifs dérivés, concurrent, concurrence. Dans le latin juridique, concurrere veut dire « prétendre à quelque chose ».
Le concours n’est pas un examen.
L’examen (du latin examen, aiguille de balance » est parent d’exigere, peser. De là, deux voies, deux pratiques, deux attitudes. L’examinateur pèse, soupèse, mesure, note. L’examen permet, dès que candidat atteint la moyenne, de passer dans la classe supérieure, ou d’obtenir un diplôme.
Le jury du concours évalue, apprécie, reconnaît, honore, salue. A l’examen, il s’agit de s’en tirer. Au concours la moyenne ne suffit pas. Quelques-uns obtiennent une récompense, un Prix, une distinction.
On observera qu’en athlétisme, discipline grecque, les concours récompensent la course, le lancer (javelot, poids), le saut. Il ne s’agit pas de jeux ou de sports collectifs.
En laissant de côté les concours de recrutement, qui sont subordonnés à un objectif extérieur aux épreuves (par exemple, il n’y a pas un rapport analytique entre le recrutement de 45 professeurs de Philosophie et l’explication d’un texte de Platon ou de Kant), il faut observer que les concours de l’AMOPA invitent à la liberté, qui passe par la confiance en soi.
Quelques exemples empruntés de sujets proposés au concours d’« expression écrite de la langue française »
En 2015 :
Ecoles élémentaires : « avez-vous une activité préférée, un loisir ? Que vous apportent-ils ? »
Collèges : « Vous écrivez à un ami dont vous n’avez pas eu de nouvelles depuis longtemps. Vous lui dites ce qu’est pour vous une amitié vraie. »
Lycées, classes préparatoires, BTS : « la jeunesse, temps des indignations, des solidarités, des engagements »
Et « Le rôle de la transmission dans l’apprentissage d’un métier ».
A chacun de ces niveaux, à côté du sujet proposé, un sujet libre au choix du professeur.
Le professeur adresse les meilleures copies (3 de chaque niveau) à la section départementale de l’AMOPA. Un jury départemental peut récompenser des copies. Il adresse le quatre meilleures de son choix au jury national.
Le concours de la Jeune nouvelle récompense une œuvre d’imagination qui exige une intrigue, une action dramatique une chute inattendue.
Pour le Prix de la Jeune Poésie, le sujet est au libre choix des candidats
Participation à ce concours
Le nombre de copies parvenues aux jurys nationaux augmente chaque année. En 2017, nous avons atteint 949 copies, dont 667 en provenance de la France.
Parmi les pays qui participent régulièrement : Angleterre, Biélorussie, Chypre, Finlande, Grèce, Italie, Liban, Madagascar, Moldavie, Monaco, Norvège, Pologne, Québec, Roumanie, Sultanat d’Oman.
Les sujets pour 2018 seront en Expression écrite de la langue française :
Ecoles élémentaires CM1-CM2 : Si tu pouvais habiter la maison de tes rêves, à quoi ressemblerait-elle ?
Collèges, classes de 6ème-5ème : Que pensez-vous de ces marins qui embarquent pour de longues semaines en solitaire ? Que cherchent-ils ? Imaginez ce qu’ils peuvent ressentir. Seriez-vous tenté par ce type d’aventure ?
Classes de 4ème-3ème : Le chemin de l’école est-il pour vous un itinéraire banal ou une occasion d’observations, de rencontres, de rêves ?
Lycées, classes préparatoires, BTS :
Vous avez été témoin d’une scène d’injustice. Qu’avez-vous ressenti ? Comment avez-vous réagi ?
Puisque le concours, en évoquant « défense et illustration de la langue française », se réclame de Joachim du Bellay, je rappellerai la signification de ce manifeste de la Pléiade et en tirer la signification actuelle. Ce manifeste de 1549 entend affirmer la noblesse d’une langue moderne et invite les écrivains à renouveler la langue et les genres littéraires. La philosophie suivra. Avec Descartes, elle osera s’engager dans cette voie. Le Discours de la méthode est le premier ouvrage philosophique rédigé en français (1637), langue commune.
Se réclamer de cet illustre précédent, ne tend pas figer la langue, mais nous invite à la pratiquer, ce faisant, à la vivifier. Il faut d’abord oser.
Elitiques, les concours ? Oui, mais au sens athlétique : s’étonne-t-on des Jeux olympiques ? Il semble même qu’on s’en réjouisse. Pourquoi l’excellence au lancer, à la course, à la perche, serait-elle accueillie avec ferveur, et non l’aptitude à écrire un poème, à agencer un récit, à ordonner une réflexion argumentée ? Exercices de volonté, tout autant.
Pour dire l’essentiel avec un grand penseur et un grand poète moderne, lorsqu’il s’adresse aux élèves du collège où il étudia :
« Je voudrais, jeunes gens, que vous sentiez vos forces » (Paul Valéry, Discours prononcé à l’occasion de la distribution des Prix du Collège de Sète, in Variété, Pléiade t. I, p. 14).
Patrice Henriot