24e Biennale de la langue française

TALLINN

16 et 17 septembre 2011

 

La diversité linguistique et culturelle sur les réseaux sociaux

de l’univers numérique.

L’Estonie, l’Europe, la Francophonie.

 

Vendredi 16 septembre

 

Séance solennelle d’ouverture

Sous la présidence de

S.E. Monsieur Jaak AVIKSOO

Ministre de l’Éducation et de la Recherche

en présence de

S.E. Monsieur Frédéric BILLET

Ambassadeur de France en Estonie

 

Allocution de Monsieur Roland ELUERD

président de la Biennale de la langue française

 

 

Monsieur le Ministre,

Excellences,

Mesdames, Messieurs,

Chers amis,

 

 

L’aventure qui porte le nom de Biennale de la langue française, commencée à Namur en 1963, atteint aujourd’hui sa 24e étape. En 2013, la 25e Biennale témoignera d’un demi-siècle d’existence. Quinze Biennales portées par leur fondateur, le professeur Alain Guillermou. Neuf par votre serviteur.

 

Il en résulte que mes remerciements à toutes les personnes et les institutions qui nous ont aidé dans la préparation de cette 24e Biennale ne sont pas que des remerciements pour cette Biennale particulière, mais aussi pour nous avoir permis de continuer l’aventure des Biennales.

 

Ces remerciements, ils s’adressent d’abord aux Autorités estoniennes et aux Autorités françaises qui ont bien voulu nous accorder leur Haut Patronage. C’est un témoignage de confiance qui nous honore et qui nous oblige.

 

Comme nous honore votre présence, Monsieur le Ministre de l’Éducation et de la Recherche. En acceptant de présider notre séance d’ouverture et par les paroles que vous avez prononcées, vous donnez acte de cette confiance, le mot prend vie et c’est un moment dont nous aurons tous souvenir.

En votre personne, j’exprime également ma profonde gratitude à celles et ceux de vos compatriotes qui ont accepté de nous donner une conférence, de présider une séance de travail ou qui seront tout simplement là, avec nous. Nous qui sommes vos hôtes, soyez assuré que nous repartirons toutes et tous avec le souci de faire connaître l’Estonie et sa culture.

 

Mes remerciements vont également à nos fidèles soutiens.

C’est l’Organisation internationale de la Francophonie, et je prie Monsieur Alexandre Wolff présent parmi nous de les exprimer à Monsieur Frédéric Bouilleux, directeur de la Langue française et de la Diversité culturelle et linguistique.

C’est le Ministère du Patrimoine canadien dont le soutien nous permet d’avoir parmi les conférenciers de la Biennale le professeur Serge Proulx, de Montréal. Ici, je me tourne vers Monsieur Scott Heatherington, ambassadeur du Canada, pour prier Votre Excellence, de bien vouloir témoigner de notre gratitude auprès de l’Honorable James Moore, ministre du Patrimoine canadien et des langues officielles.

C’est la Délégation générale à la langue française et aux langues de France, et je prie Monsieur Thibault Grouas présent parmi nous de les exprimer à Monsieur Xavier North, Délégué général.

C’est enfin l’Agence Universitaire de la Francophonie qui nous permet d’avoir parmi nous le professeur Ivan Momtchev, de Sofia. Cher Recteur Bernard Cerquiglini, cher collègue et ami, soyez remercié.

 

Mais, vous le comprendrez aisément, dans le détail des besognes essentielles qui sont l’organisation d’une Biennale, rien n’aurait été possible sans l’accueil chaleureux que j’ai reçu de Son Excellence Monsieur Frédéric Billet, ambassadeur de France, et de celles et ceux qui m’ont apporté conseils, appui sans réserve, appui quotidien en particulier Madame Lydie Billet. Merci aussi à Monsieur Thomas Leydier pour la réalisation de notre programme imprimé.

 

C’est donc une OING francophone vieille de près d’un demi-siècle qui se réunit aujourd’hui dans cette belle ville de Tallinn. Pour autant, notre propos ne sera pas vieillot. Loin d’être une réunion de puristes déplorant la grande gloire du français classique, la Biennale conjugue cet amour du français classique avec celui de voir le français d’aujourd’hui vivre et être partagé.

 

De ce point de vue, deux objectifs nous guident. Le premier est celui de la diversité culturelle et linguistique. Nous savons bien qu’il faut quelques grandes langues de communication internationale. Nous pensons que le français peut-être l’une de ces langues. Mais nous savons surtout que chaque langue porte avec elle l’histoire et le génie du ou des peuples qui la parlent. Qu’il faut donc que chaque langue ait sa place, son rôle, et que des liens soient établis entre toutes, liens où l’apprentissage des langues étrangères ainsi que la traduction jouent les rôles essentiels. Un monde d’une seule langue, quelle que soit cette langue, serait un monde d’une seule idée du monde.

 

Le second objectif est celui de la modernité. Non pas la modernité pour faire moderne ou paraître moderne. Cette modernité de mode passe comme le vent. Mais le regard lucide porté sur ce que nous pouvons faire aujourd’hui pour préparer demain.

La révolution informatique est à l’évidence un moment capital pour l’humanité. Comme la révolution paléolithique, comme la révolution industrielle. Mais c’est aussi une révolution qui nous emporte comme ces vagues trop fortes où l’on a peine à nager. Il importe donc de ne pas perdre pied.

L’un des aspects de cette révolution prend la forme des réseaux sociaux numériques. En eux-mêmes, ils ne sont rien qu’une technologie nouvelle et fascinante. Tout dépendra évidemment de l’usage que nous en ferons.

 

D’où les questions qui sont apparues lors du colloque que nous avons tenu à Paris, en novembre dernier. Elles ont servi de lignes directrices pour construire cette 24e Biennale :

– Dans la « présence sociale, présence connectée » de ceux qui interviennent sur les réseaux sociaux numériques, comment s’expriment la présence linguistique de l’énonciateur et sa subjectivité ? Comment s’expriment celles du ou des destinataires ?

– Que devient « l’auteur » ?

– Que devient pour le lexique et pour la culture, l’usage du mot ami quand on a des milliers d’amis ?

– Quels sont les modèles linguistiques des textes des blogs, des SMS, de Twitter ? Représentent-ils un « danger » pour l’usage ou correspondent-ils à un autre usage ?

– Comment développer une éducation critique à l’égard des réseaux sociaux numériques ? Quelles expériences pédagogiques existent déjà ?

– Quelle place occupent ces réseaux dans l’apprentissage du français langue étrangère, langue seconde ? Quelles places pourraient-ils occuper ?

 

Monsieur le Ministre,

Excellences,

Mesdames et Messieurs,

 

pour aborder ces questions la 24e Biennale de la langue française a su réunir à Tallinn des intervenants venus du Sénégal, du Canada, des États-Unis, de Bulgarie, de Finlande, de Belgique, de Suisse, de France et bien entendu d’Estonie.

Je suis sûr qu’une fois encore ses travaux seront utiles à la compréhension et la promotion de la diversité linguistique et culturelle.

Et cent mille mercis à l’Estonie !

 

A la Une

 La culture suppose l'enracinement, la profondeur et la perspective d'un épanouissement sans cesse en progrès. 

Jacqueline de ROMILLY

Présidente d'Honneur de la Biennale de la langue française (2002-2010)

Dans Le Trésor des savoirs oubliés, éditions de Fallois, 1998, p. 93