Eric BROGNIET

Éric Brogniet est né à Ciney le 16 août 1956. Fondateur et directeur de la revue de poésie " Sources " (1987-2000) et directeur de la collection " Poésie des Régions d'Europe " (1988-2000), il fut conseiller littéraire à la Maison de la Poésie de Namur, de 1987 à 2000 où il a organisé de nombreuses lectures et colloques littéraires de haut niveau. Il est membre du Comité de rédaction de la revue " L'Etrangère " (Bruxelles) et de la revue littéraire de la Francophonie " Riveneuve Continents " (Marseille/Paris). Après avoir été de 2000 à 2003 chargé de la politique des Lettres et de la Lecture auprès du Ministre des Arts, des Lettres et de l'Audiovisuel de la Communauté Wallonie-Bruxelles, il est aujourd'hui Directeur de la Maison de la Poésie et de la Langue française à Namur et Directeur général du Festival international et du Marché de la Poésie de Namur.
Bibliographie :
Poésie
- Femme obscure, Paris, Chambelland/Le Pont de l'Épée, 1982.
- Terres signalées, Paris /coll. Poésie sans frontières, 1984. (Prix Hubert Krains 83, Robert Goffin 84)
- Le feu gouverne, Lausanne, L'Age d'Homme, 1986. Prix Max-Pol Fouchet 1986
- Usage du rêve, Valenciennes, Centre Froissart/ Coll. Cahiers Froissart, 110, 1987. Prix - Pierre Basuyau 1987 et Prix L. Malpertuis de l'Académie royale de Langue et de Littérature françaises de Belgique 1990
- Les jardins de Monet, Amay, L'Arbre à Paroles/ coll. Buisson ardent, 1989.
- Asturies couleur du temps, Mortemart, Rougerie/coll. Poésie présente, 1989.
- Visage de Jeanne Modigliani, Alghero (Sardaigne), Nemapress Éd., 1990.
- Cryptographie solitaire des astres, Châtelineau, Le Taillis Pré/coll. La Main à Plume, 1990
- L'Atelier transfiguré, Le Cherche-Midi, 1993 (Prix Louise Labé)
- Transparences, Les Eperonniers, 1992
- Eblouie, traversée, Amay : L'Arbre à paroles, coll. Buisson ardent, 1995.
- L'ombre troue la bouche, L'Arbre à Paroles, 1996 (prix Eugène Schmitz, de l'Académie)
- Des oracles des muets, L'Arbre à paroles, 1996
- Dans la chambre d'écriture, L'Age d'Homme, 1997 (Prix M. Carême)
- Rhétorique de Sade, Amay : L'Arbre à paroles, coll. Textimages, Gravures originales de Jean-Claude Simus, 2000.
- Nos lèvres sont politiques , Tétras Lyre, 2000
- Autoportrait au suaire, L'Age d'Homme, 2001
- Mémoire aux mains nues, Le Cormier , 2001
- Une errante intensité, Le Cormier, 2003. Photographies de Bernard Gilbert.
- La nuit incertaine, TranSignum, 2004. Livre d'artiste, avec Luce Cleeren. Version néerlandais-français, trad. néerlandaise de Jan Miskijn.
- Parole et empreinte, TranSignum, 2004. Coll. 5/5. Livre d'artiste avec Roland Castro.
- Celle qui s'est levée avec le soleil, L'Arbre à paroles, 2004. Livre d'artiste avec Roland Castro.
- La passagère, livre peint par Thierry Le Saëc, Rennes : Editions Dana, 2004. A paraître :
- La lecture infinie, Trois-Rivières (Québec),: Ecrits des Forges 2005.
Son oeuvre est (presque) publié en intégralité en deux tomes: Poésies I et Poésies II chez L'Arbre à paroles, Amay, 2002.
Essais critiques
- Les ailleurs d'Henri Michaux : actes du colloque international, Namur, octobre 1995, Namur : Sources, 1996. (Dir. scient.)
- La poésie arabe moderne : vers un nouvel humanisme ? , La Renaissance du Livre, Tournai, 2001
- Christian Hubin: le lieu et la formule, Avin : Editions Luce Wilquin, 2003. Coll. L'oeuvre en lumière.
- Jean-Louis Lippert: approche du narrateur en aède, athlète, anachorète, Avin : Editions Luce Wilquin, 2003. Coll. L'œuvre en lumière.
A paraître : Le monde arabo-musulman, son histoire et sa littérature.
Critique littéraire
Éric Brogniet a consacré, dans diverses revues des pages de critique à de nombreux écrivains et poètes. Il est l'auteur d'un nombre important de lectures publiées dans des revues belges et étrangères; organisateur de nombreux colloques internationaux (Les ailleurs d'Henri Michaux, 1995 ; Paroles poétiques, paroles prophétiques, 1994 ; Du silence à la parole, 1993 et 1995 ; Les modernités poétiques : de Rimbaud à Cobra, 1998…).
Un automne à Ljubljana
Pour Brane Mozetic
La Ljubljanica étroite et calme entre ses berges de
Canal sans une ride, sur lequel d'immémoriales verdures
Coulent et penchent leur rideau : ce qui, du ciel automnal
Croule, bleu, dans la chaleur de septembre, loin et proche
A la fois
Coeur urbain, rose et vert : ses ponts, le corridor ombreux
De ses ruelles où de passages, hier, étaient vivants
Comme de ghettos. A présent, leurs étoiles et leurs tags
- Fuck the police, tandis qu'aux terrasses de bois vont
Et viennent des nonchalances et que la jeune fille parle
A son téléphone portable
Que nous inspire aujourd'hui cette Histoire
Qui, d'un trait, réunit comme elle peut
Ce que les siècles et les guerres ont séparé :
Europe is money entre les frontières de sa propre amnésie
Alentour ces forêts, ces plaines infinies et comme surgies
Hors du temps ont vu passer les empires :
Le confort climatisé que l'on nous promet
N'est pas un projet pour l'abîme
Que l'homme est à lui-même
Et l'amour demeure la grande question
Entre la bière et le taux de suicide, cette légèreté
De l'être, cette atmosphère translucide
Où quelques fêlures transparaissent sous la propreté "
J'ai guetté dans mes errances au coeur de cette ville
Les signes et les miracles comme une lézarde
Au cœur de l'ennui : qui me fait cette beauté
Immuable, je cherche en vain des orages
Par ces rues que l'odeur des feuilles mortes
Embaume déjà
N'y verrons-nous que les clichés d'une grandeur déchue
Où l'éclair d'un visage qui s'estompera dans la mémoire
Comme une photographie
Et le feu d'un automne roux qui passe entre les tables
Avec entre les bras un bouquet de soleils
Et l'ivresse des bonheurs perdus et retrouvés.