par Roland ELUERD, ancien président de la Biennale de la langue française
Le premier mot qui me vient à l’esprit pour parler de Jacques CHEVRIER, c’est le mot «ami». Ce mot n’efface évidemment pas les mots qui jalonnent sa carrière de professeur, de chercheur, de découvreur, d’auteur, mais pour moi ami les regroupe, les fusionne tous.
En mettant en avant ce nom ami, je ne cherche pas à mettre en avant l’amitié qu’il y avait entre nous. Elle appartient à ce tissu secret de complicité intellectuelle, d’estime et de respect auquel l’absence elle-même ne peut rien changer.
Je veux parler de Jacques, biennaliste et ami de la Biennale de la langue française. Qui voudrait connaître les paroles de cette amitié pourra le faire en consultant le site de la Biennale pour y trouver comment Jacques en a été un acteur fidèle et engagé.
Je retiendrai ici un seul exemple, mais achevé. À la fin de la Biennale de Bruxelles, en 2005, j’avais donné rendez-vous aux biennalistes pour 2007 à Dakar. La formule de l’époque était celle de la «diversité linguistique». Mais je ne souhaitais pas nous enfermer dans les seuls usages littéraires, linguistiques. Nous avons donc choisi comme thème «La diversité linguistique dans les sciences et les techniques». Nous étions ainsi placés tous sur le même plan de modernité.
Jacques s’est emparé de ce thème avec une maîtrise lumineuse. En démontrant d’abord que la vision simplificatrice qui oppose la démarche scientifique et les cheminements du poète, du dramaturge ou du romancier ne tient pas. En évoquant ensuite les parcours et les œuvres de plusieurs écrivains: Williams Sassine, Emmanuel Dongala, Tierno Monemembo, Sami Tchack, Alpha Mandé Diarra. J’ai encore souvenir de l’attention du public. Chacun pourra trouver le texte de son intervention sur le site de la Biennale.
Voilà de quelle nature généreuse et éclairée était l’amitié selon Jacques CHEVRIER. Une amitié qui réunit autour d’une œuvre commune, à quoi l’on donne son temps, ses talents sans rien n’attendre d’autre que la réussite de l’entreprise, de l’aventure.
Merci Jacques pour ce que tu as été, pour ce que tu as donné. Tu sais maintenant ce qu’est exactement ce «grand large» que tu aimais tant.